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A la découverte de... Olivier Nyokas

LNH - Publié le 20 janvier 2017 à 17h55
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Avec sept buts, Olivier Nyokas a plané sur la rencontre entre la France et la Pologne, ce jeudi devant son public de Nantes. Rencontre avec un joueur qui a pris son temps avant de s’installer chez les Bleus.

"J’ai passé deux jours sans parvenir à le joindre. Je me suis douté qu’il y avait quelque-chose…" Nous sommes au mois d’octobre 2015, et Olivier Nyokas n’a plus de nouvelles de son frère jumeau, Kevynn. "D’ordinaire on s’appelle 4 à 5 fois par jour !, s’étonne alors celui qui évolue Balingen, en Allemagne. Au final, il avait appris ma sélection chez les Bleus, et il ne voulait pas m’appeler car il n’aurait pas pu garder le secret." L’arrière gauche a alors 29 ans, et le voilà lancé au sein de la grande équipe de France. Un honneur que Kevynn a connu un peu plus de quatre ans plus tôt. Un écart un peu à l’image de l’histoire des deux frangins originaires de Montgeron, plus différents que ne pourrait laisser penser leur remarquable ressemblance. 

Au démarrage, c’est au basket que les deux inséparables usent leurs semelles. « Mais on n’aimait pas trop les règles du basket en club. On avait été sensibilisés au hand au collège, avec l’UNSS, alors on s’est mis au hand à l’âge de 16 ans », se souvient Olivier. Les deux frères, l’un droitier, l’autre gaucher, migrent ensuite vers Pontault-Combault, avant d’atterrir à Paris, où un troisième larron rejoint le duo, un certain Nicolas Claire. Les trois joueurs grandissent sous l’oeil bienveillant de Thierry Anti. "Sébastien Mongin, qui jouait avec nous à Paris, nous disait qu’on allait forcément être séparés. Mais pour nous c’était inconcevable », sourit celui qui évolue alors au poste d’ailier gauche. Mais l’inévitable se produit en janvier 2008. 

Le duo est devenu trio... (Page Facebook de Kevynn Nyokas)

Anti: "Olivier a dû faire bien plus"

"On a fait un tournoi en Espagne, et l’entraîneur d’Alcobendas me demande un jeune joueur pour finir la saison avec lui. Il voulait Nicolas, j’ai dit non et j’ai proposé Olivier. Il l’a pris, et il a fallu quitter son frère, Paris…", explique Thierry Anti. « On a organisé une petite fête vite fait mais ça a été difficile », glisse Kevynn. En deuxième division espagnole, dans ce club de la banlieue de Madrid, Olivier commence alors à grandir dans son coin, loin du frangin. "Il faut le dire, Olivier a dû en faire bien plus pour y arriver car on regarde plus naturellement le gaucher, analyse Anti. Au final, c’est ce qui fait qu’ils ne sont pas forcément tout à fait les mêmes. Ils ont bien sûr leur éducation, un lien unique qui les unie. Mais quelque-part ça a été plus facile pour Kevynn, même s’il a actuellement des difficultés en raison des blessures. Mais au final, je vais dire que Kevynn a eu plus tendance à être un peu plus flambeur que son frère."

Après un an et demi en Espagne, Olivier Nyokas décide de revenir en France, plus précisément du côté de Créteil. La première saison est catastrophique et se termine avec une relégation en Proligue. Dans l’ascenseur, il croise au passage Kevynn, qui remonte avec le Paris Handball. C’est là qu’il se forge une âme de leader, puisqu’il est nommé capitaine. "Dragan Zovko, notre coach, m’a fait confiance, il m’a appris plein de choses. Je le remercie encore aujourd’hui", glisse-t-il, alors que de son côté, son frère s’apprête à disputer l’Euro 2012. "Je suis le premier fan de mon frère. Il est juste super fort. Mon seul souhait c’est d’aller aussi haut que lui", lance-t-il, alors qu’il vit l’expérience par téléphone, en débriefant chaque jour avec Kevynn. Mais le chemin jusqu’au Bleus est encore loin d’être terminé. En 2014, alors qu’il est annoncé à Nantes, il file finalement à Balingen. C’est là-bas qu’il acquiert ce qui lui manque pour taper à la porte des Bleus. 

"Thierry Anti est comme mon père"

"J’ai notamment réduit mon point faible : les pertes de balle. C’est une progression tardive, mais je l’ai fait", sourit-il. Appelé pour l’Euro 2016, il sera ensuite 15e homme lors des Jeux, intégré au groupe juste avant la finale. Il est enfin temps de retrouver Thierry Anti. "On a toujours été en contact avec Thierry. Il a toujours suivi ce que je faisais. Il est comme un père pour moi. Signer à Nantes, c’est loin d’être un hasard, estime celui qui a également trouvé sa place au sein du groupe France. J’ai mis du temps à arriver au plus haut niveau, mais maintenant j’y suis, et j’en suis fier." Utilisé sur le poste d’arrière en club, il se glisse sans problème sur le poste d’ailier chez les Bleus. "J’ai beaucoup travaillé sur ce poste avec Luc (Abalo) durant la préparation olympique", souffle-t-il. 

Capable de repiquer vers le centre pour fusiller les gardiens adverses à longue distance, Olivier Nyokas est une arme de plus dans l’arsenal tricolore. "Il a beaucoup d’explosivité, de vitesse. Il déborde très bien des deux côtés, et possède une gramme de tir très importante", décrypte Thierry Anti. Conscient de sa tâche de dynamiteur, le Nantais s’applique à ne rien gâcher. "Je ne suis pas un fervent défenseur, donc je suis content d’avoir ces possibilités de montrer mes qualités, avec notamment ces enclenchements juste pour moi quand je suis ailier, conclut celui à qui il manque encore un rêve, celui de partager une compétition internationale avec son frère. C’est l’équipe la plus titrée des sports collectifs français. Pouvoir se retrouver là avec mon frère, ce serait énorme…" Il sera alors temps de ranger les téléphones…

Benoît Conta