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Avec nos meilleurs vieux…

LNH - Publié le 26 mars 2015 à 21h04
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Le Final 4 de Coupe de la Ligue va, de nouveau, mettre en lumière de glorieux anciens, maillons forts des quatre clubs participants.

Ils s’appellent Jérôme Fernandez (38 ans), Alberto Entrerios (38), Mickaël Grocaut (34), Mathieu Lanfranchi (32) et ont, tous les quatre, largement dépassé le cap de la trentaine. Ils ont encore en commun de tenir un rôle majeur dans leur équipe malgré leur statut de grands anciens. Ils défendent, surtout, l’idée que l’âge n’a pas de prise sur leur efficacité et leur volonté. Ils ne sont pas, enfin, par hasard toujours au plus haut niveau. Etranges phénomènes en quelque sorte quand la raison leur ordonnerait de prendre du recul, de préserver un corps exposé quotidiennement au combat. Mais l’argument ne tient plus quand le plaisir et l’envie dominent les sentiments. Mathieu Lanfranchi, le Cessonnais, est le plus jeune de ces cadres reconnus mais, paradoxalement, il a été le premier à s’interroger sur les raisons qui le conduisent à poursuivre l’aventure. “ Il y a encore quelques semaines en effet, je me demandais s’il ne fallait pas inverser la courbe de ma carrière. J’avais le projet de revenir à Oissel, près de Rouen, le club de mes débuts à un niveau inférieur et d’y engager une reconversion à la fois sportive et professionnelle. J’ai finalement renoncé et accepté de prolonger de deux ans mon contrat à Cesson pour une seule raison : je suis arrivé tard, à 23 ans, au plus haut niveau sans être passé par un pôle ou un centre de formation. Je ne suis pas usé et je me suis dit qu’il était finalement un peu tôt pour fermer la parenthèse. ”
Jérôme Fernandez, presque vingt ans au plus haut de l’affiche, aurait pu saisir l’opportunité. En fin de bail à Toulouse, tout frais champion du monde au Qatar en début d’année, la porte de sortie était idéale. “ Mais j’éprouve toujours le même plaisir de m’entraîner. Et puis le handball est un jeu. Ce n’est pas comme en athlétisme où les gestes sont répétitifs. Dans un match ou à l’entraînement les situations se ressemblent mais les solutions à apporter ne sont jamais les mêmes. Si j’ai gardé cette fraîcheur pour mon sport, c’est parce qu’il reste toujours plein d’incertitudes. ”
La dimension physique si l’on écoute le capitaine de l’équipe de France n’est même plus une limite ou un handicap. “ En vieillissant, souligne-t-il, on se connaît mieux, on connaît mieux aussi son corps et son sport tactiquement. Donc on a davantage d’aptitudes pour s’y adapter. ” L’argument est repris par Mickaël Grocaut, le Dunkerquois. “ Jeune tu brasses souvent du vent. Tu t’éparpilles. Avec l’âge, il y a moins de gestes et d’actions inutiles puisque tu as, notamment, intégré toutes les données tactiques du jeu. Tu interviens plus sereinement, à bon escient sans gaspiller tes forces. C’est un atout considérable et il ouvre des perspectives de longévité. ” La récupération, les douleurs, dommages co-latéraux, ne s’érigent plus dès lors en handicaps majeurs à la poursuite de l’activité.
“ J’ai une vie bien réglée, remarque Fernandez, et la famille tient un rôle majeur. J’arrive à m’évader, à sortir de mon contexte professionnel. Et puis, il ne faut pas oublier qu’en France on a une culture exceptionnelle et très pointue du travail physique. On bosse et bien et c’est aussi pourquoi l’on dure. ” “ J’ai ressenti ça, enchaîne Lanfranchi, depuis l’arrivée de Yérime Sylla à la tête de l’équipe. la nouvelle méthode de travail physique me convient et je me sens bien. ” Alberto Entrerios, le doyen du Championnat, est le contre exemple. Souvent blessé depuis son arrivée à Nantes, le Champion du monde espagnol a beaucoup galéré avant de revenir. “ Je ne suis plus le même qu’il y a quinze ans. Aujourd’hui c’est plus dur de s’entraîner pour rester en forme. Il m’arrive, par exemple, de prendre un coup bénin et sentir la douleur une semaine après. Peut-être suis-je trop à l’écoute de mon corps ? Franchement quand tu es blessé trois mois, c’est très difficile de revenir dans le coup. Moi, je n’ai pas le physique endiablé d’un Jérôme Fernandez qui n’a, par exemple, jamais connu de problèmes musculaires. ”
C’est donc au mental par moments qu’il faut résister aux atteintes de l’âge. “ L’antidote ? sourit Lanfranchi. Plus je suis fatigué, plus j’éprouve le besoin de m’entraîner. On n’a pas le droit de rechigner parce que l’on reste des privilégiés. On s’amuse et on gagne notre vie avec une passion. Cette philosophie te permet de relativiser et d’évacuer, surtout, tous les éléments pollueurs.”
Une chose est sûre : ce weekend au Kindarena de Rouen, nos quatre témoins ne manqueront pas d’appétit et de rester exemples et leaders pour leurs plus jeunes compagnons.