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A la découverte de... Edin Basic

LNH - Publié le 07 décembre 2015 à 16h14
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Chaque semaine, la LNH vous invite à aller à la rencontre de l’un de ses acteurs les plus en forme du moment. Ce mardi, place à Edin Basic, le demi-centre de Chambéry.

"Au niveau des histoires drôles, je pense que l’on est tous les deux aussi pitoyables, mais ça ne nous arrêtera pas, bien au contraire." Cédric Paty le reconnaît volontiers, Edin Basic et lui, ne se reconvertiront sans doute pas sur scène une fois les baskets rangées au placard. Reste ce rôle si important dans un groupe, celui de catalyseur. "Humainement, c’est un leader de vestiaire, explique l’ailier droit. Il est toujours là pour faire des blagues, pas forcément les meilleures, pas forcément au bon moment, mais il est toujours là pour détendre l’atmosphère dans les moments difficiles." 

Un caractère facile et bonhomme que le demi-centre exporte également dans tout le club. "Il a toujours un mot pour tout le monde, il vient boire son café avec nous le matin", souffle-t-on dans les couloirs du Phare. "C’est un super mec au niveau du relationnel, confirme Laurent Munier, le directeur général du club. Que ce soit avec les partenaires ou les bénévoles, un mec comme ça, c’est du bonheur."  Un bonheur que le CSH, plombé par les blessures, est allé dégoter en Suisse, à l’hiver 2009. Edin Basic joue alors à Zürich, se faisant notamment remarquer en inscrivant 8 buts lors d’une fessée reçue face au Kiel du duo Omeyer-Narcisse (42-24).

"Pas évident de s'intégrer dans un pays au sein duquel tu dois tout changer"

"C’est Andrej Golic qui nous a permis de le découvrir, se souvient Munier. On a vu des vidéos, on  est allé le voir, on l’a rencontré et ça a tout de suite bien marché. C’était le joueur qu’il nous fallait, capable d’organiser le jeu et de tirer de loin." Un joueur qui n’a pourtant commencé le handball qu’à ses 15 ans, du côté de Zavidovici, en Bosnie. Dans cette ville marquée par la guerre d’indépendance déclenchée en 1992, le jeune Edin touche à un peu à tous les sports, du football au basket, en passant par le tennis. "Tout ça m’a permis d’acquérir une certaine coordination pour le sport, note le joueur. Puis des amis m’ont convaincu d’essayer le handball."

Rapidement performant, Edin Basic s’envole ensuite vers la Croatie et le RK Zamet Rijeka, à l’âge de 20 ans. C’est ensuite sur les conseils de Sead Hasanefendic et de son adjoint à la tete de l’équipe nationale de Bosnie qu’il émigre vers la Suisse, où il passera huit ans (Endingen,  Suhr et Zürich). Pour le jeune homme la transition n’est pas forcément facile, et ses facultés d’adaptation sont mises à rude épreuve. "A l’époque, Internet n’était pas très développé, le téléphone c’était plus compliqué aussi. Je devais chercher des cabines téléphoniques pour appeler mes parents ou mes amis, sourit-il aujourd’hui. Quand tu ne l’a pas fait, tu ne te rends pas compte à quel point ce n’est pas évident de s’intégrer dans un pays au sein duquel tu dois changer toutes tes habitudes."

"Tout ça m'a donné envie de rester en France"

Cela n'empêchera pas Edin Basic d'à nouveau faire ce choix en décembre 2009, une nouvelle fois avec la volonté de s’intégrer au plus vite. "Quand tu prends un étranger, tu ne sais jamais vraiment si ça va bien se passer. A Chambéry on a la chance qu’ils s’adaptent vite, qu’ils prennent vite des cours de français. En plus, les joueurs de l’Est ont sans doute plus de facultés à apprendre une nouvelle langue que nous", explique Laurent Munier. "En jouant en Suisse, je ne parlais qu’allemand mais je connaissais « Merci » et « Bonjour », se souvient le joueur. Quand je suis arrivé tout le monde parlait français. J’étais obligé de m’intégrer. Mais le club m’a beaucoup aidé, et spécialement Laurent Busselier, qui m’a appris plein de choses, autant sur qu’en dehors du terrain."

Reste qu’en plus de la langue et de la vie de groupe, un joueur s’intègre aussi d'autant plus facilement quand son niveau fait l’unanimité. Là aussi, le Bosnien a mis tout le monde d’accord. "Il fait partie des très grands, et je pense qu’il l’a démontré depuis son arrivée", glisse Cédric Paty. Maître d’oeuvre du jeu savoyard depuis 6 ans désormais, l’international peut tout aussi bien faire jouer ses coéquipiers que de peser au niveau du storing, grâce notamment à ses penaltys (tirés des 9m !). "Handballistiquement, intégrer le championnat français a été une richesse énorme pour moi, c’est devenu un championnat de très haut niveau, conclut-il. Pour le reste, j’ai quand même la chance de vivre dans un pays très riche en tradition, en culture. Grâce au hand j’ai pu découvrir tellement de choses. Je ne sais pas encore ce que je veux faire après ma carrière, mais tout ça m’a donné envie de rester en France ou de voyager. On verra bien…"

Benoît Conta