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A la découverte de... Melvyn Richardson

LNH - Publié le 29 février 2016 à 17h26
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Chaque semaine, la LNH vous invite à aller à la rencontre de l’un de ses acteurs les plus en forme du moment. Ce mardi, place à Melvyn Richardson, l’arrière droit de Chambéry.

A première vue, l’histoire démarre comme n’importe quel autre début de carrière. "J’ai commencé le handball à 8 ans, lorsqu’on est rentrés en France, et qu’on est arrivés à Chambéry. C’est là que j’ai trouvé ma bande de potes, des amis que j’ai toujours aujourd’hui. J’ai pris rapidement du plaisir, et j’ai continué." Un début de carrière comme il y en a des milliers. Sauf que l’intéressé porte un patronyme pas comme les autres. A 19 ans, Melvyn Richardson doit en effet composer avec un héritage pour le moins lourd, celui de son père, Jackson, véritable légende du handball français, du haut de ses 417 sélections.

Un poids sur les épaules du fiston ? "L’avantage déjà, c’est qu’on ne joue pas au même poste et qu’on n’a pas le même style de jeu, évacue le gaucher. C’est déjà plus compliqué de nous comparer. Après, je ne m’attarde pas trop sur ce genre de questions, même s’il y en aura toujours. Il y a plein de choses qui nous différencient." Ancien coéquipier du père, et sélectionneur du fils avec l’équipe de de France U19, Eric Quintin ne dit pas autre chose. "La seule similitude serait de l’ordre mental, dans l’humilité, le don de soi. Dans son positionnement affectif par rapport au groupe, il ressemble beaucoup à Jack", note l’ancien ailier gauche.

Quintin: "Melvyn est plus structuré que ne l'était son père"

Sur le plan du jeu et du handball, les deux hommes sont en revanche assez différents. "Sur le plan technique, je dirais que Melvyn a beaucoup plus de culture du jeu. Il est dans des chose plus classiques. Jack, lui, était plus instinctif, ce qui était à la fois une qualité et un défaut. Je pense que Melvyn peut réussir à faire encore plus, en étant plus structuré que ne l’était son père." Voilà pour les comparaisons. Car depuis son plus jeune âge, Melvyn Richardson empreinte un chemin moins sinueux que celui du paternel, parti de sa Réunion natale à l’âge de 20 ans.

Pur produit chambérien, l’arrière droit (1,90m, 85 kilos) a lui signé son premier contrat pro dès l’âge de 18 ans, en mars dernier. Poussé par son père, alors présent dans le staff savoyard ? "Non. Mon père et ma mère ont tenu leur rôle, avec leurs conseils, mais c’est moi qui ait pris la décision. J’ai simplement pris des avis à droite à gauche, dont celui de mes parents, mais c’est moi qui ait choisi le projet de Chambéry", explique-t-il. Champion du monde durant l’été avec l’équipe de France Jeunes, le jeune homme a néanmoins souffert pour sa première saison entamée avec les pros.

"Ce n’est pas du tout la même chose que dans les autres catégories, reconnaît-il. Il m’a fallu un temps d’adaptation. Avec le Mondial, j’ai eu un contre-coup au niveau de la fatigue. Ca a été difficile, et je n’avais pas beaucoup de temps de jeu. Mais j’ai continué à travailler à l’entraînement. Petit à petit, j’ai fait ma place et j’ai gagné la confiance du coach. Le travail a payé, mais il ne faut que je me repose sur mes lauriers." Auteur de 12 buts il y a dix jours face à Créteil (31-27), le gamin a semble-t-il réussi à faire sa place dans la rotation décidée par Ivica Obrvan. "En début de saison, on le sentait dans le crainte de mal faire. Là, j’ai l’impression qu’il prend confiance, il ose prendre des risques", observe Eric Quintin.

Arrière droit ou demi-centre ?

De quoi mettre en valeur des qualités au-dessus de la moyenne. "C’est un joueur courageux et créatif, décrit son ancien sélectionneur. C’est quelqu’un qui a de la vision de jeu, qui sait tirer de loin, aller au duel, et qui en plus défend." Reste encore à trouver le poste adéquat pour utiliser au mieux les qualités du jeune homme. Que ce soit en U19 ou en U21, Melvyn Richardson est en effet utilisé au poste de demi-centre. "Avoir un demi-centre gaucher peut être vu comme un petit fantasme, une lubie. Mais moi j’ai grandi avec un demi-centre gaucher qui s’appelait Eric Cailleaux. C’est très rare, mais je suis convaincu qu'il peut être un demi-centre", estime l’ancien ailier gauche des Barjots.

"Melvyn est quelqu’un qui met l’intérêt de l’équipe avant le reste, poursuit le formateur. Il est capable de jouer sur les trois postes, ailier, arrière et demi-centre. Ce qui est autant un avantage qu’un inconvénient. S’il doit poursuivre en tant que demi-centre, il devra continuer à organiser sa vision du jeu. Comme il joue aussi au poste d’arrière, ce sera plus de choses à emmagasiner pour lui. Mais il en est capable", conclut Quintin. De son côté le joueur préfère ne pas choisir. "Mon poste de formation, c’est arrière, précise-t-il. Mais si je peux jouer demi-centre, c’est plutôt pas mal. J’ai envie de garder mes qualités d’arrière en allant au but. Si je peux ajouter le fait de faire jouer les autres, c’est parfait", conclut-il. Reste que s’il s’installe au poste de demi-centre, les comparaisons avec papa ne risquent pas de s’arrêter…

Benoît Conta