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Youenn Cardinal, la Bretagne mystère

LNH - Publié le 15 novembre 2019 à 15h03
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Le MVP de la saison 2017/18 de Proligue a rejoint Cesson-Rennes l'été dernier. On a logiquement été à la rencontre d'un joueur très attaché à sa Bretagne natale mais aussi d'un personnage discret et réservé.

Ah la Bretagne ! Sa forêt de Brocéliande, ses galettes-saucisse, ses palets et…Youenn Cardinal. A 24 ans, le gaucher de Cesson-Rennes fait presque partie du paysage, handballistique, s’entend. Mais interviewer le natif de Plouguerneau, c’est s’attendre à se prendre deux ou trois “je ne veux pas trop en parler”. Car son terrain de jeu préféré reste le 40x20. On aurait aimé en savoir un peu plus sur sa vie de tous les jours, sur ses passions, mais, en bon Breton, Cardinal a préféré rester discret. “Avec le handball, j’ai déjà l’impression d’en montrer beaucoup. Je ne joue pas pour la gloire ou pour être mis en avant, mais juste parce que j’aime ça” explique-t-il.

Par contre, pour parler de sa région natale ou son début de carrière, il ne faut pas trop le pousser. S’il est rapidement parti pour la région parisienne, Créteil et son centre de formation, il n’y a pas fait long feu. “J’avais besoin de voir plus loin que le bâtiment d’à côté. Voir le ciel, la mer, ça m’a terriblement manqué. Il n’y a jamais eu aucun souci, que ce soit sur le terrain ou avec les gens, mais la banlieue parisienne, je ne m’y faisais pas” se souvient-il. Au point qu’après la première année de son premier contrat pro, il informe l’USC qu’il ne reviendra pas. “J’ai vraiment pensé à arrêter. J’avais pas mal d’idées en tête pour faire autre chose” continue-t-il. Lesquelles ? Youenn n'a pas souhaité s'épancher sur le sujet. 

"J’ai toujours préféré que les gens ne me reconnaissent pas”

Dans ce contexte pas simple à gérer, Cherbourg se manifeste. Seul club à se montrer intéressé par un joueur qui n'a alors que 21 ans, la JSC va “relancer complètement” Youenn Cardinal. Dans le Cotentin, plus proche des siens, il éclabousse le championnat de Proligue de toute sa classe. Meilleur ailier droit, meilleur buteur et MVP de la saison 2017/18, la coupe est pleine, n’en jetez plus ! Dans une ville qui vit passionnément le handball, la ferveur est au rendez-vous. Trop, peut-être, pour un jeune joueur qui n’aspire qu’à une chose : passer incognito dans la rue. “A Cherbourg, beaucoup de gens s’identifient aux joueurs et ça peut-être un peu bizarre parfois. J’ai toujours préféré que les gens ne me reconnaissent pas” dit-il…Décidément.

Alors, forcément, à Rennes, on le sent un peu plus épanoui. Revenu l’été dernier dans un club où il a fait ses premières gammes, il est la rampe de lancement d’un projet qui consiste à faire revenir des joueurs du crû dans un club qui aurait, selon certains, vu le lien avec le territoire se distendre un petit peu. Et si tout le monde au CRMHB se félicite de cette arrivée, Youenn Cardinal, lui aussi, semble être comme un poisson dans l’eau. Même si, selon lui, certains journalistes auraient peut-être eu un peu la main lourde en identifiant Cardinal comme un Breton à 2000%. Vraiment ? “C’est une région à laquelle je suis attaché, j’y ai grandi, ma famille est encore là. Mais s’il avait fallu que j’aille jouer autre part, je l’aurais fait. Il se trouve que j’ai pu trouver un projet qui me corresponde dans ma région, c’était tout bénéf.”

Et quand Youenn Cardinal parle de sa région, c’est surtout pour évoquer la mer, plus que les spécialités culinaires. Comme s’il en avait besoin pour se sentir bien. “Parce qu’on peut regarder loin” explique-t-il, un peu mystérieusement. “Que ce soit pour faire du bateau, du surf, c’est autre chose que ce que j’ai pu connaitre en banlieue, par exemple. C’est reposant, c’est calme. La mer, c’est la vie” ajoute-t-il. Alors, oui, il y pleut sans doute un peu qu’ailleurs. Mais après tout, c’est bien là que l’enfant de Plouguerneau se sent le mieux. Peut-être parce qu’il peut y cultiver la discrétion qui lui est si chère.

Kevin Domas

Photos : Philippe Riou