A la découverte de... Johannes Marescot

LNH - Publié le 28 novembre 2016 à 18h32
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Après de longues saisons de patience, Johannes Marescot s’est enfin imposé au sein du collectif de Chambéry sur ce début de saison. Coup d’oeil sur la trajectoire de ce solide gaillard tout droit venu du Béarn.

"Johannes, je n’aimerais pas être sa femme !" Bertrand Pachoud, entraîneur du centre de formation, a le sourire à l’heure d’évoquer Johannes Marescot, son ancien protégé. "Il a un sacré caractère et une grosse dose de mauvaise foi, ce que j'adore ! Il ne vit vraiment pas bien la défaite", poursuit le formateur savoyard, qui a accueilli le jeune homme à l’été 2011. "Dans mon esprit, c’était de la bombe atomique. C’était un guerrier avec une grosse explosivité, et une super habilité. Et ce qui m’a marqué, c’est que malgré les propositions d’autres clubs, il a vraiment émis le souhait de venir ici. Il est venu passer deux jours d’essai avec son papa, et ils m’ont appelé alors même qu’ils étaient encore sur le chemin du retour pour me dire qu’ils voulaient venir ici."

"J’ai eu un très bon feeling avec Bertrand et avec Philippe Gardent", confirme l’intéressé , qui a grandi dans le Béarn. C’est en effet à Lucq de Béarn que le jeune Johannes (prononcez Johan !) découvre la petite balle pégueuse. "Dans mon village, il n’y avait que du hand et du judo… J’ai commencé à 8 ans, puis je suis parti à Orthez, avant d’intégrer le pôle de Talence, explique celui qui passe alors du poste d’arrière gauche à celui de pivot. J’ai eu une grosse blessure au genou, et derrière j’avais plus de mal à sauter. Mais j’ai tout de suite accroché avec le poste de pivot. J’ai aimé travailler pour les autres et voir les autres travailler pour moi."

"Un vrai rassembleur"

C’est au final à l’âge de 17 ans que cette force de la nature débarque en Savoie, avec un seul objectif en tête: devenir handballeur professionnel. C’est là qu’il découvre l’éloignement familial, et le travail à haute dose. "Au début c’était un peu dur mais Bertrand était là", souffle le joueur. "Il avait surtout une famille très présente, qui faisait des convois pour venir le voir jouer. Ils ont vite accroché avec la région, répond ce dernier. De son côté, il est arrivé sur la pointe des pieds au sein de l'effectif... si c’est vraiment possible avec son physique !" Un physique hors-norme qui lui permet de se faire rapidement une place au sein de l’effectif de la réserve. "Alors qu’il se reposait sur ses acquis physiques, il s’est vite mis au boulot", ajoute son formateur. 

C’est ensuite patiemment que le solide gaillard (désormais 1,94m pour 110 kilos) se fait le cuir avec la Nationale 1, tout en imposant son caractère. "Une fois qu’il a fait le taff sur le terrain, il a commencé à l’ouvrir, mais toujours dans le bon sens. C’est quelqu’un qui est capable de secouer les autres, un vrai rassembleur, estime Pachoud. Quand il est arrivé avec les pros, il a fait la même chose. Il est arrivé doucement, a discuté avec les anciens, puis s’est imposé peu à peu." Une arrivée au plus haut niveau qui s’est faite en douceur, avec un prêt à Valence, en Proligue, lors de la saison 2014/2015. 

Objectif prolongation de contrat

"Il marchait sur la N1 mais n’avait pas l’opportunité d’avoir une place avec les pros. C’était une chance pour lui de se faire les dents." Une opportunité saisie franchement par le joueur, qui ne tarde pas à briller dans la Drôme, avant de remporter le Mondial Juniors avec les Bleuets à l’été 2015. "A Chambéry il y avait Bertrand Gille, c’était bouché. C’était une belle option pour moi pour me frotter au niveau supérieur", se souvient le joueur, qui revient en Savoie et ronge à nouveau son frein durant une saison supplémentaire, avec 11 matches joués. "Il aurait pu partir à ce moment-là, mais il a eu une vraie volonté de s’imposer à Chambéry", estime Pachoud. 

Bien lui en a pris puisque le roc béarnais, désormais âgé de 22 ans, a profité de la blessure de Pierre Paturel en début de saison pour se faire sa place, aux dépens également de Grégoire Detrez, moins utilisé. "J’ai essayé de prendre ce qu’on me donnait", note le joueur. "Il commence vraiment à montrer ce qu’il sait faire et qu’il n’a peur de rien. Jojo que ce soit Nikola Karabatic ou un autre, le PSG ou Kiel en face, il estime qu’il a aussi deux bras deux jambes et il va au charbon, souligne son formateur, qui n’élude pas les axes de progression de son ancien poulain. Il a une grosse marge de progression en défense car il a tendance à trop se livrer et à prendre trop de profondeur. En attaque, ça va venir aussi. Il bosse beaucoup pour lui, et il va travailler de plus en plus pour les autres. Sur les tirs, il n’a jamais été en difficultés sur les gardiens dans les niveaux inférieurs, et il faut encore qu’il s’adapte."

Des objectifs que Johannes Marescot s’est d’ores et déjà fixé, avec le mois de juin en point de mire. "Je suis en fin de contrat en fin de saison et j’ai vraiment envie de prolonger ici. C’est un vrai objectif, assène-t-il. C’est une ville où je me sens vraiment bien, et c’est un club qui fait partie de l’élite. A moi de bien travailler." Même son de cloche chez son formateur. "Je n’ai absolument pas les clés de ce dossier, mais je dois dire qu’en tant que fan numéro un de Chambéry et de Johannes Marescot, je le souhaite, conclut-il avec le sourire. Il a un coach qui lui donne actuellement de la confiance, donc ça serait plutôt pas mal qu’après Alexandre Tritta et Queido Traoré, notre troisième champion du monde prolonge à son tour !"

Benoît Conta