A la découverte de... Julien Meyer

LNH - Publié le 07 février 2017 à 16h35
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C’est la reprise ! A l’heure d’aborder la deuxième partie de saison, nous reprenons notre rubrique hebdomadaire avec le portrait de Julien Meyer, grand espoir du handball français au poste de gardien de but.

"Made In Alsace". A l’heure d’évoquer le poste de gardien de but, le tampon alsacien est indéniablement synonyme de qualité. L’inoxydable Thierry Omeyer et le meilleur gardien du dernier Mondial, Vincent Gérard, sont ainsi les plus beaux exemples de la formation délivrée dans le Bas-Rhin, entre le pôle Espoirs de Strasbourg et le centre de formation de Sélestat. Alors que l’on peut également citer le Cristolien Mickaël Robin, la dernière perle en date se nomme Julien Meyer. Difficile, avec ce patronyme, de passer à côté de la filiation avec l’actuel gardien du PSG. "C’est le jeu des médias, et je le conçois complètement, sourit le jeune homme. Je vis très bien avec, et puis, il y a quand même pire comme comparaison, non ?"

Une réponse à l'image de Julien Meyer. A 20 ans, le gamin a la tête sur les épaules et sa maturité  saute aux yeux. Un caractère et un recul qu’il puise notamment dans sa jeunesse, loin d’être bercée par le handball. Passionné d’équitation, le neveu de Bertrand Pabst, ancien pivot de Sélestat, mène de front les deux activités. "Entre la 5e et la 4e il a tout de même fallu choisir car je pouvais intégrer ce qui était un peu une anti-chambre du pole. Ce devait être un hiver très froid sur le cheval, et j’ai choisi le handball, sourit-il. C’est aussi au handball que j’avais ma bande de copains. Ca compte beaucoup quand tu as cet âge-là. On a pratiquement gravi tous les échelons ensemble jusqu’au centre de formation."

Julien Meyer a vite porté le maillot bleu. (Crédit: Page Facebook du joueur)

Elevé à l'école alsacienne

C’est lors de son passage dans la catégorie des -12 ans que le jeune Julien décide d’aller s’amuser entre les bois. "Il fallait un gardien, et je faisais parti de ceux qui aimaient le moins courir, explique-t-il. J’ai rapidement commencé à me prendre d’affection sur le simple fait d’arrêter un ballon. Et puis, plus tu grandis, plus les années passent, et plus tu apprécies toute la machinerie qui se cache derrière. C’est un poste vraiment passionnant." Une « machinerie » qui lui est inculquée par Jean-Luc Kieffer, véritable dénicheur de talent et formateur des gardiens alsaciens. "J’ai moi-même été gardien, et à l’époque j’ai bénéficié du travail de Branko Karabatic. C’est lui qui m’a ouvert les yeux sur le travail à fournir sur ce poste", explique ce dernier.

Julien Meyer a également pu apprendre aux côtés de Christian Gaudin.

Entraîneur spécifique, l’ancien gardien arpente l’Alsace pour repérer les jeunes talents, et ensuite les intégrer dans son « cursus ». "Je commence le spécifique à 11 ans. Je les renvoie ensuite vers le comité, puis au centre régional avant de les avoir au pôle de Strasbourg puis au centre de formation de Sélestat", détaille-t-il. C’est durant ce cheminement qu’il inocule ses idées dans la tête de Julien Meyer, jeune gardien qui ne sort pas forcément du lot au démarrage. "Il était loin d’être le meilleur, mais c’est à force de travail qu’il a su se faire sa place", souligne-t-il. 

Une carrière comme un tabouret

Une assiduité à la tâche unanimement reconnue. "C’est vraiment un gros travailleur. Il a toujours été très sérieux car il sait exactement où il veut aller, explique son ami Yanis Lenne. C’est aussi quelqu’un de très intelligent, ce qui lui permet d’anticiper les échéances. Il calcule beaucoup, réfléchit beaucoup." Une réflexion indispensable pour tout bon gardien, croit savoir son formateur. "Le mental, c’est indispensable si tu veux être un bon gardien, souffle Jean-Luc Kieffer. Pour moi, un bon gardien, c’est 50% dans la préparation, 50% dans le mental. Et Julien Meyer a ces qualités. Sa principale qualité, en dehors de ses grands segments, c’est d’ailleurs sa rigueur. Il est toujours en train de travailler, de chercher à s'améliorer."

Des qualités que le grand bonhomme d’1,97m cultive, tout en continuant à laisser une place aux à-côtés, pour ne pas se laisser envahir par le handball. "J’ai toujours estimé qu’une carrière dans le handball, c’était comme un tabouret à trois pieds: le handball d’une part, le cercle familial et sentimental de l’autre, et j’ai choisi les études pour troisième pied. C’est un peu difficile actuellement mais je m’accroche, détaille celui qui a démarré des études d'ingénieur. C’est important quand tu as un coup de moins bien d’avoir un échappatoire, de ne pas trop cogiter après un mauvais match par exemple. Au final, si on enlève un des trois pieds du tabouret, ça s’écroule. Alors j’essaie de les entretenir, ou même d’en rajouter pour être le plus équilibré possible."

Surclassé, Julien Meyer a décroché le titre de meilleur gardien du Mondial U21 en 2015. (Crédit: Instagram du joueur)

Et maintenant les Bleus ?

Une mission que le Julien Meyer mène pour le moment à merveille, en sautant quelques cases au passage. Surclassé, le portier a notamment été sacré champion du monde avec les U21 à l’été 2015 (titre qu’il défendra du coup dans quelques mois). En attendant, il s’applique à grandir du côté de Chambéry qu’il a choisi de rejoindre en fin de saison passée, quittant par la même occasion le cocon formateur. "Ca me permet de travailler avec Yann (Genty). C’est quelqu’un de très expérimenté et il m’aiguille sur beaucoup de choses. C’est ce pourquoi je suis venu. Yann est quelqu’un d’assez atypique, qui compense par une connaissance des autres phénoménale. Il m’aide beaucoup." Utilisé avec parcimonie en début de saison par Ivica Obrvan, l’Alsacien a pointé le bout de son nez quand il le fallait, avec notamment une performance de très haute volée du côté de Cesson-Rennes, avec 15 arrêts à 63%, lors de la 9e journée.

"Je suis satisfait de ces six premiers mois, glisse-t-il. Je suis en avance sur les points de passage que je me suis fixés." Des points de passage parmi lesquels figure forcément l’équipe de France, qui lui semble promise depuis quelques années déjà. "Thierry Omeyer a pris la place durant près de 20 ans, et là il y a une ou deux places qui vont se libérer. J’espère qu’il y en aura une pour Julien ou un autre gardien alsacien", conclut Jean-Luc Kieffer, dont le jeune fils Valentin, vient de signer son premier contrat pro avec Sélestat. De son côté, Julien Meyer évacue une nouvelle fois l’attente autour de lui. "La pression, tu as deux façons de la prendre. Moi j’ai choisi de la prendre dans le bon sens. Je sais que je suis encore en apprentissage, et l’équipe de France viendra si elle doit arriver…", conclut-il. 

Benoît Conta