Les premières fois de... Diego Simonet

LNH - Publié le 21 avril 2020 à 21h35
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De l'Argentine à son titre de MVP du Final4 de la Ligue des champions, Diego Simonet revient sur quelques grands moments de sa carrière.

Mes premiers pas de handballeur

« Déjà, en tant qu’Argentin, il faut savoir que je suis né avec un ballon de foot dans le berceau. (rires) Du coup, et même si mes parents, internationaux de handball, m’ont naturellement poussé vers le handball, j’ai aussi fait du foot jusqu’à mes 15 ans. J’ai aussi fait de la natation, de l’athlétisme et du volley, et puis finalement, autour de mes 15 ans, j’ai été appelé pour jouer à Buenos Aires, dans le club de SAG Ballester. Je pense que j’aurais pu continuer à jouer au foot à plus haut niveau, mais on va dire que mes parents ne m’ont pas poussé non plus dans la voie. (sourire) Au final, je suis aussi allé vers le sport où j’étais le plus doué. »  

Mon premier départ d'Argentine

« C'était en 2008. A la base, Sao Caetano avait contacté le demi-centre titulaire de l’équipe, qui s’appelait Mariano Castro. Mais il avait sa vie établie en Argentine, avec sa famille et n’a pas souhaité donné suite. Moi, j’avais fini l’école, je commençais un peu à bosser à côté et quand ils m’ont proposé le contrat, j’ai accepté. Au pire, c'était au Brésil, ce n'était pas loin si je voulais rentrer. (rires) C’est quand j’ai touché mon premier salaire que je me suis dit que je pourrais faire du handball mon métier, que ce n’était pas juste pour m’amuser. (sourire) Quand je suis arrivé là-bas, j’ai eu la chance de tomber sur le coach, Washington Nunes, qui a été un deuxième père pour moi. J’étais le petit jeune dans une équipe de trentenaires, je ne parlais pas la langue, c’était vraiment difficile au début. Et puis, au bout d’un an, je ne voulais plus partir. (rires) J’ai adoré la vie là-bas, les gens sont très cool. » 

Mon premier départ vers l'Europe

« Tout a commencé pendant la trêve avec Sao Caetano. Je suis allé rendre visite à mon frère, Sebastian, qui évoluait déjà en Espagne. Comme j’habitais chez lui, je me suis entraîné avec eux et l’entraîneur m’a plutôt apprécié. Mais moi je suis rentré au Brésil et j’avais vraiment dans l’idée de continuer là-bas, car comme je l’ai dit, je m’y plaisais vraiment, j’avais pas mal d’amis. Et puis j’en ai discuté avec Washington Nunes, qui, en tant que coach espérait que je reste, mais, en tant qu’ami, m’a conseillé d’aller en Espagne pour continuer ma progression. C’est comme cela que j’ai rejoins mon frère, à Torrevieja. » 

Mes premiers pas en France

« Avec Sebastian, on arrivait en fin de contrat avec Torrevieja. Le club souhaitait que l’on continue, mais il y avait des problèmes dans les salaires, le club payait en retard, ce n’était pas agréable à vivre. Et puis la proposition d’Ivry est arrivée, et c’est un club que l’on connaissait car Léo Querin (un autre international argentin, ndlr) avait joué là-bas. Il nous a dit du bien du club et comme le championnat français commençait vraiment à monter, que c’était à côté de Paris, on s’est décidé. (sourire) C’est un défi que nous avons relevé tous les deux, même si ce fut plus compliqué pour moi, notamment au niveau de la langue. Heureusement que mon frère savait parler l’anglais et qu’il a appris plus vite que moi le français. C’est lui qui nous guidait un peu, qui faisait toutes les démarches. » 

Mes premiers Jeux Olympiques

« C’est une vraie fierté pour nous d’avoir participé aux Jeux, en 2012. C’était vraiment notre objectif numéro 1 de qualifier l’Argentine pour la première fois pour un tel évènement. C’est aussi pour cela que l'on est plusieurs à être partis jouer à l’étranger, pour continuer à progresser et amener l’équipe nationale jusque-là. A partir de ce moment, le handball a commencé à être vraiment connu chez nous. Avant, il fallait passer son temps à expliquer ce qu’était le handball, dire que c’était comme le foot, mais avec les mains. (rires) Mais, en Argentine, toutes les équipes nationales sont suivies, c’est dans notre sang. Les gens ont découvert le handball à ce moment et les inscriptions ont explosé juste après ces Jeux. C’est une vraie fierté pour moi, et c’est aussi pour ça que je me suis tatoué les anneaux olympiques sur le bras, alors que d’ordinaire, je n’aime pas trop les tatouages. (sourire) »

Mes premiers pas sans mon frère

« J’avais vécu sans lui avant, mais c’est vrai que lorsque je suis parti d’Ivry, cela faisait trois ans et demi que je vivais avec lui. Je m’étais habitué. (sourire) Maintenant la proposition de Montpellier ne se refusait pas, et ce départ m’a vraiment fait grandir. Il fallait que je me fasse tout seul aussi. J’intégrais Montpellier, un club ultra professionnel à tous les points de vue. Et puis Patrice (Canayer) est venu me chercher pour faire de moi un demi-centre, alors qu’à Ivry, je jouais au poste d’arrière gauche. C’est beaucoup de choses à digérer et il fallait que je progresse de partout, tant dans la vie que sur le plan du handball. Je ne dis pas que ça a été tous les jours faciles, mais c’était très enrichissant pour moi. » 

Mon premier Final4 de Ligue des champions

« Ah c’était fatiguant ! (rires) J’ai cette image qui me vient en tête. J’étais en chambre avec Vid Kavticnik et, la nuit avant la finale, je ne parvenais pas à dormir. Vers 4h du matin, je l’entends bouger et je lui demande s’il dort. Il me répond: « Non, je n’en peux plus, je veux que ce week-end s’arrête ! » (rires). C’était tellement épuisant, nous étions à la fois concentrés, nerveux, anxieux... Avant la finale, on a regardé pas mal de vidéos avec Vidko. Mais, une fois venu le moment de s’endormir, on avait toutes ces combinaisons, tous ces petits détails qui flottaient dans la tête. Impossible de trouver le sommeil. On voulait juste jouer ce match, en finir. (sourire) Et puis, il y a eu le coup de sifflet final, et là c’est magnifique. C’est tout le travail effectué depuis mon arrivée, tout ce que le club a investi sur moi, tous ces mauvais moments, car il y en a aussi dans la vie d’un club, d’un sportif professionnel. Montpellier, maintenant, c’est la maison, j’ai un lien particulier avec ce club. On a remporte la Ligue de champions… Mon titre de MVP ? C’est assez anecdotique sur le week-end mais ça montre qu’on peut partir d’Argentine pour arriver à Cologne et soulever ce trophée. (sourire) »

La première fois que l'on m'a surnommé "Jean-Michel Poisson"

« (rires) C’était en début de saison, et j’avais cuisiné du cabillaud ou de l’espadon à la plancha. L’odeur est resté sur mes vêtements et quand je suis arrivé à l’entraînement, tout le monde l’a senti, et surtout Jonas (Truchanovicius), qui m’a appelé comme ça. Du coup, ça a duré trois semaines à m’appeler Jean-Michel Poisson. Mais je suis vite redevenu « Chino ». (sourire) Plus sérieusement, cette volonté de manger du poisson correspond surtout à un changement radical de mon hygiène de vie, que j’ai adopté cet été. J’ai d’abord fait le constat que j’avais beaucoup de blessures (il a disputé sept matches de Lidl Starligue lors la saison 2018/2019, ndlr) et que ça ne pouvait plus durer. J’en ai discuté avec Facundo Campazzo, le meneur du Real Madrid (basket), qui m’a parlé de son kinésiologue, Paulo Maccari. J’ai aussi entendu Manu Ginobili ou Luis Scola en parlé, et j’ai décidé de le contacter. J’ai pas mal modifié mon alimentation et j’essaye d’être le plus professionnel possible. Au niveau de l’alimentation, je ne mange de la viande rouge qu’une ou deux fois par mois, et ça, c’est compliqué pour un Argentin. (sourire) J’ai aussi un anneau pour contrôler mon sommeil, je fais plein de petites choses pour être bien dans ma vie et tranquille dans ma tête pour jouer le plus de matches possibles. Cette saison, je n’ai loupé aucun match et j’espère continuer comme ça jusqu’à la fin de ma carrière. (sourire) »

Benoît Conta