Les premières fois de... Rock Feliho

LNH - Publié le 29 juin 2020 à 14h44
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Capitaine de Nantes, Rock Feliho revient sur les premières fois qui ont jalonné sa riche carrière.

Mon premier entraînement de handball

« C’était à Chalon-sur-Saône. J’avais envie de tester après y avoir pris goût à l’école. L’éducateur m’avait conseillé de venir essayer en club. Je faisais du foot et j’ai choisi de changer. Ma mère m’a emmené au club de Chalon, ce devait être en benjamins, j’avais 11 ans. Mon entraîneur, Pascal Gaudillère, m’a reçu et je suis arrivé avec mes belles genouillères que je venais d'acheter. (rires) Je me suis entraîné et j’ai vite trouvé ça assez cool. Je ne sais pas si j’avais des qualités... Quand tu es jeune tu t’amuses. Nous, on gagnait nos matches, mais c’était un des meilleurs clubs de la région. J’ai fait des sélections départementales et régionales, mais j'étais avec la plupart des coéquipiers de mon équipe donc je ne faisais pas trop attention à ça. »

Crédit: LeJSL

La première fois que j'ai pensé à devenir pro

Sous les couleurs de Chalon. (club)

« La première fois que j’ai commencé à me dire que je n’étais pas mauvais, c’était lors de mon premier stage national. J’étais dans les 50 meilleurs joueurs de France. Là je me suis dit: « ah c’est pas mal ». (sourire) C’est d’ailleurs là que j’ai croisé pour la première fois Michaël Guigou. Et on a terminé dans le groupe 3, celui des pas très bons. (rires) C’est là qu’on a accroché car on n’était pas trop d’accord avec ce choix-là. (sourire) Un peu plus de vingt ans plus tard, nous sommes encore très proches. Micka, c'est la famille. Le fait de jouer ensemble, ça n'a jamais pu se faire, même s'il a été un temps en contacts avec Nantes. Mais mon seul regret, c'est de n'avoir jamais réussi à l'attraper sur le terrain. Ce n'est pas faute d'avoir essayé, mais il est plutôt rapide. (sourire)  »

La première fois que j'ai quitté la maison

« J’ai fait le sport-études d’abord à Dijon, mais je rentrais les week-ends. La première fois ou ça a été un peu dur, que je suis vraiment parti de chez moi, c’était le départ à Sélestat. J’avais Ivry et Sélestat qui me voulaient. Au début, j’étais un peu plus chaud pour Ivry, mais Alain Quintallet, que j’avais comme entraîneur au Pôle, m’a convaincu de venir avec lui à Sélestat. Du coup, j’ai pris mes petites affaires et ma mère m’a emmené à la gare. Là, j’étais un peu triste. (sourire) »

Mon premier match avec les pros

« Je m’en souviens comme si c’était hier. C’était à Ivry, joli petit clin d’oeil d’ailleurs. J’avais été pris, et à l’époque je défendais devant, sur Jan Paulsen. On avait perdu, mais j’avais marqué mon petit but, et je me souviens de mon retour en défense. Stéphane Schmidt, le défenseur exclusif de l’époque, un ancien, m’avait félicité. Ca m’avait marqué. D’ailleurs, il bosse désormais pour mon équipementier et on bosse encore ensemble. Et moi, j’ai pris son rôle de défenseur attitré. (sourire) Il m’avait appris quelques trucs à l’époque. »

Mon premier départ pour l'Allemagne

« Vers 17/18 ans, on avait fait une rencontre contre l’Allemagne, en Allemagne, avec l’équipe de France jeunes. Et à l’époque, bah c’était plein, et moi je me suis dit que c’était génial. (sourire) Il y avait un engouement qui m’avait vraiment marqué, alors que c’était un match de jeunes. C’était un peu fou, et à partir de là, je me suis promis d’aller jouer là-bas. En 2006, après une deuxième année à Villefranche qui n’avait pas été terrible, j'ai souhaité partir. Je me suis pris hyper tard et les plans en Bundesliga, c’était limité. Donc j’ai pris le risque d’aller en D2, à Munster, pour m’en servir de tremplin. J’ai ensuite signé à Balingen, où j’ai passé trois ans. C’était top, une super expérience. J’ai appris une nouvelle langue, découvert un nouveau pays. Tout ça m’a endurci car quand tu es étranger, on attend plus de toi. Tu es payé pour. Et puis la Bundesliga, à l’époque c’était le meilleur championnat du monde, tu jouais contre des tops joueurs tous les week-ends. Nous, on jouais le maintien, mais sur une salle de 3000 places, on avait 2500 abonnés, un truc comme ça. L’engouement allemand pour le handball, y a rien à redire là-dessus. »

Mes premiers pas à Nantes

« Après quatre années en Allemagne, ma femme en avait un petit peu marre on va dire. (rires) Mais moi je ne voulais pas rentrer n’importe où. Je venais d’un club où quand on décrochait le maintien, on faisait le tour de la ville en bus impérial. (sourire) J’avais envie de continuer à vivre cette ferveur. C’est aussi pour ça qu’on fait ce métier, que l’on s’entraîne. Du coup j’ai eu une touche avec Nantes, et j’ai été convaincu par le projet. J’avais eu de bons retours, et j’avais aussi envie de travailler avec Thierry Anti. J’ai bien fait, je pense. (sourire) »

La première fois que Thierry Anti m’a annoncé que je ne ferais que de la défense

« Quelques mois après ma signature. Il m’a un peu arnaqué quand même. (rires) Ce n’était pas spécialement ce qui était prévu à la base et je n’étais pas trop d’accord. (sourire) Mais j’ai dû m’y faire, et je me suis dit que je préférais être sur le terrain que sur le banc… J’ai travaillé, travaillé et puis c’est vrai que lorsque je décroche mon premier titre de meilleur défenseur, en 2012, je me suis dit que ce n'était peut-être pas une si mauvaise idée. (sourire) Je me dis qu’il faut savoir être intelligent dans une carrière. Je n’aurais peut-être pas fait le même parcours si j’avais continué à faire attaque et défense. Après, mon statut de défenseur, c’est pour les néophytes, les vrais initiés savent que j’en marquais plein des buts. (rires) Michaël Guigou m’a d’ailleurs fait remarquer que j’ai déjà fait un 7/7 contre Montpellier. (sourire) Après, si les jeunes ne savent pas que j’attaquais avant quand il arrivent à l’entraînement, de temps en temps je joue un peu attaque et là, je m’enflamme un peu, je me laisse aller, et quelques-uns prennent mon spécial. (rires) »

Mon premier titre avec Nantes

« La Coupe de la Ligue, à Rouen, en 2015. C’était top car ça faisait quelques temps qu’on travaillait, qu’on était là... mais il fallait marquer le coup. C’était un aboutissement pour nous. Il n’y a pas beaucoup de clubs qui ont des titres au final. On tenait tête aux gros, mais il fallait qu’on gagne quelque-chose pour changer de catégorie. Les ambitions étaient déjà là, mais il fallait valider ce travail. On savait que ça allait arriver, c’était inévitable, mais il ne fallait plus trop tarder. (sourire) »

Mon premier Final4 de Ligue des champions

« En 2018. C’était incroyable. Dans ma carrière, j’ai voulu jouer en Allemagne, ensuite jouer à la Coupe d’Europe, gagner un titre, et puis, à un moment, j’ai vraiment voulu jouer la Ligue des champions. Comme je n’avais pas eu l’équipe de France, je voulais vraiment atteindre ce niveau. Et puis, là, sur la deuxième année, on arrive à Cologne. L’épopée, c’était génial, incroyable. Quand tu repenses à l’engouement autour de notre club, c’était fou. Et puis Cologne, c’était dingue, on bat Paris en demies… Le samedi c’était le plus beau jour… Mais le dimanche c’était le jour le plus dégueulasse… (sourire) C'est une frustration de dingue car même si le parcours est beau, quand tu es compétiteur et que tu es si près… Il ne restait qu’une marche. Et puis, on ne va pas se mentir, en face c’était Montpellier, une équipe française que l’on avait déjà battue. Là, ça pique vraiment plus… On savait qu’on pouvait les battre, mais voilà. Donc ça fait vraiment mal, car en plus tu ne sais pas quand tu vas revenir, si tu vas revenir. Alors, bien sûr, à tête reposé, j’aurais sans doute signé à l’avance pour un tel parcours. Mais quand tu y es, tu ven eux plus. On était si proche du Graal… »

La première fois que j'ai pensé à la retraite

« Ce n’est pas encore pour tout suite. (sourire) J’y ai quand même pensé l’année dernière, quand on m’a dit qu’on devait m’opérer au pectoral. Là, le chirurgien m’a dit que j’en aurais pour près d’un an. Et là, j’y ai pensé… Mais j’ai refusé. Je suis allé plus loin dans les investigations médicales, et j’ai choisi une autre voie. J’ai travaillé dur pour rejouer et je suis revenu pour faire une bonne saison. J’en suis plutôt fier de ce retour, car ce n’était pas gagné. Là, il me reste encore un an de contrat avec Nantes, et mon seul objectif est d’être le plus performant possible. J’ai encore de l’ambition. J’aimerais bien être champion de France et faire une marche de plus en Ligue des champions. (sourire) Pour le reste, j’ai des trucs dans ma tête et on verra bien, mais je ne pense qu’à la saison à venir. » 

Benoît Conta