Mickaël Robin : “A la fin de mon premier match, Luc Abalo est venu me demander qui j'étais...”

LNH - Publié le 14 juin 2021 à 13h40
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Passé par Sélestat, Chambéry, Montpellier, Cesson-Rennes et Créteil, Mickaël Robin a choisi de mettre un terme à sa carrière professionnelle en ce mois de juin. Non sans passer par la traditionnelle case "souvenirs".

Ma première licence

"J’ai commencé tôt (rires) ! J’avais cinq ans, et mon frère jouait déjà à Neuhof, un petit club de la banlieue de Strasbourg. Je me rappelle que je voulais faire du foot, mais que j’avais fini au hand. D’ailleurs, je suis persuadé que j’aurais fait un bon gardien de but de foot, j’adore plonger, j’ai le bon physique…Bon par contre sur le terrain, franchement, c’est plus compliqué !"

Ma première coquille

"J’était à l'aise partout, sur le champ et dans les buts, j’ai encore le souvenir de tournois, quand j’avais douze ou treize ans, où je faisais les deux. Un jour, quand les choses sont devenues sérieuses, il a fallu choisir et ça s’est fait naturellement. Je crois que j’étais quand même meilleur dans le but au final !"

Mon premier match avec les pros

"Je m’en souviens comme si c’était hier ! J’avais seize ans, j’étais arrivé six mois avant au centre de formation de Sélestat, et l'équipe première jouait à Ivry, et j’étais dans le groupe. Match compliqué, je rentre en deuxième mi-temps et je fais une dizaine d’arrêts, à peut-être 50% d’efficacité. Sur le coup, je comprends pas trop ce qu’il m’arrive, six mois avant j’étais dans mon petit club de Neuhof, et la semaine avant le match j’étais encore avec la N2. Je me souviens à la fin, Luc Abalo, qui a un an de plus que moi, vient me voir pour me demander qui j’étais (rires) ! J’étais encore en pleine découverte et je me suis retrouvé à Delaune contre toutes les stars d’Ivry, c’était un peu fou."

Mon premier contrat pro

"C’est la saison suivante, toujours à Sélestat. Il y a beaucoup de fierté à ce moment là, d’autant plus que je suis super jeune quand je signe, j’ai 17 ans, je suis encore en première, c’est super précoce, surtout pour l’époque…Mais j’ai été con, je me la suis pas assez raconté au lycée, ça aurait pu servir pour pécho (rires) !"

Un entraineur qui m’a marqué

"J’en retiendrais deux, même si tous m’ont beaucoup apporté, dans des styles différents. Philippe Gardent, à Chambéry, avait un charisme énorme, il m’a appris le haut niveau. Ma signature là-bas a été un tournant dans ma carrière, et j’ai la sensation d’être devenu un vrai pro lors de mon passage là-bas, d’autant que j’y suis arrivé très jeune. Et le deuxième, c’est Yérime Sylla. Pas forcément un choix évident pour les gens qui ne me connaissent pas, mais il y avait de la qualité dans ce qu’il faisait à l’entrainement, une vraie volonté de se remettre en question, et j’ai beaucoup apprécié les années que j’ai passé à Cesson avec lui."

Le jour où je signe à Montpellier

"Quand ce club t’appelle, c’est compliqué de dire non. Je sors de deux saisons à Chambéry, où on finit tout le temps deuxièmes, Montpellier nous bat et nous met même quelques belles branlées. Et tu ne peux pas refuser quand Patrice Canayer décroche son téléphone. J’ai découvert la Champions League à Chambéry mais Montpellier, c’est encore le niveau au dessus. Des stars à tous les postes, tu vises le FINAL4 de la Champions League, c’est vraiment le top du top."

Le pire adversaire que j’ai joué

"J’en citerais deux, là aussi. Michaël Guigou et Dragan Gajic. J’ai joué contre eux avec Chambéry, j’ai été leur coéquipier après, et ils te mettent une misère pas possible à l’entrainement. Des fois, je passais une heure et demie avec eux, j’en touchais pas une. Impressionnant. Un arrière, t’arrives toujours à en sortir une ou deux, mais ces deux-là, pas possible."

Le coéquipier le plus fort avec lequel j’ai joué

"Il y a eu du beau monde, entre Chambéry et Montpellier. Quand je suis arrivé en Savoie, Daniel Narcisse était un extraterrestre, il portait l’équipe à bouts de bras. A Montpellier, ça a été Nikola Karabatic. Individuellement, bien sûr, mais aussi collectivement, il aspire tellement la défense que ça rend tout plus simple pour ses coéquipiers. Il a ce don de rendre meilleurs les joueurs avec lesquels il joue."

Mes meilleurs potes dans le hand

"C’est toute la bande qu’on a créé quand j’étais à Montpellier. Luka Karabatic, Nikola, Adrien Dipanda, ce sont des vrais amis. Nos enfants ont à peu près le même âge, on part en vacances ensemble, on a créé de vrais liens forts."

Le jour où je vais au FINAL4 de Cologne avec Barcelone

"Exceptionnel ! Mais très dur aussi, on doit gagner, mais Flensburg revient alors qu’on menait de cinq buts. Gagner la Champions League, ça aurait été un rêve, d’autant que j’avais joué les quarts de finale…Aller au FINAL4, en plus avec Barcelone, c’était un rêve. Jouer là-bas, quand tu es fan, ça reste quand même le must. Je n’avais pas de poster dans ma chambre quand j’étais petit, pas d’idole, mais le Barça, quelle que soit la génération, ça parle."

Mon meilleur souvenir

"Je vais dire une finale de coupe de France qu’on gagne avec Montpellier dans un Bercy chaud bouillant contre Paris…Je vais te dire 2013. Je crois que je fais un truc genre vingt arrêts, j’ai le souvenir qu’il pouvait pas m’arriver grand chose ce soir là. Pourtant en face, t’avais quand même Hansen et Abalo, mais bon, y’a des jours comme ça (rires) !"

Mon pire souvenir

"La descente avec Créteil en 2017 m’a mis un coup sur la tête pas possible, j’ai mis du temps à m’en remettre. Il n’y a aucune honte de jouer en Proligue, je respecte complètement, mais on avait une telle équipe que je ne comprends toujours pas comment on a pu descendre…Six mois avant, on jouait les barrages de la coupe d’Europe. Compliqué…"

Des regrets ?

"Aucun, il y a eu des aléas, mais à chaque fois, je suis plutôt content de mes choix de carrière. Certains ont privilégié le sportif, d’autres mes double-projets, ma reconversion. S’il y a vingt ans, tu me mettais le plan de carrière sous le nez, je pense que je signais direct ! Je finis ma carrière avec un goût de satisfaction dans la bouche."

Pourquoi arrêter maintenant ?

"Physiquement je me sens bien, mais j’arrive à un moment de ma carrière où j’ai besoin de stabilité. Je ne me revoyais pas demander à ma famille de déménager une nouvelle fois, j’avais envie qu’on s’installe dans un environnement où on est bien, où on a envie de vivre. J’aime le handball, il m’a beaucoup apporté, mais j’ai toujours eu le côté pragmatique de me former à côté. En début de carrière, j’ai vite compris que je signais un grand CDD et qu’un jour, tout allait s’arrêter. Et il ne faut pas se cacher, il y a un poil de lassitude aussi, de recommencer mi-juillet pour faire une nouvelle préparation, d’arriver deux heures avant les matchs…A la fin, j’aurais voulu claquer des doigts pour être direct au coup d’envoi (rires) !"

Et maintenant ?

"On va redescendre au soleil, dans le Gard, pour s’y installer, j’avais beaucoup aimé la région quand on y est passé et ma compagne est du coin. Je vais exercer mon métier de kiné, pour lequel j’ai passé mes diplômes pendant ma carrière. Je vais souffler un peu, je vais commencer les remplacements avant d’aller plus loin quand je serais prêt. C’est ce que je voulais, j’ai eu la chance de pouvoir choisir le moment où j’ai dit stop, franchement, tout va bien !"

 

Crédit photos : Kevin Domas & Stéphane Pillaud