Gregory Martin : “Je n'ai peut-être qu'une coupe d'Alsace dans la vitrine, mais ma carrière est ma victoire...”

LNH - Publié le 17 juin 2021 à 16h27
LNH
Passé par Sélestat, Angers, Mulhouse et Strasbourg, Gregory Martin a décidé de mettre un terme à sa carrière sportive. Mais ne vous inquiétez pas, il ne restera pas trop éloigné des terrains...

Ma première licence

"C’était dans un petit club en Martinique, l’US Redoute et je crois que j’avais sept ans. J’habitais à côté du terrain de hand, j’y allais des fois avec le centre de loisirs et j’ai voulu pousser un peu le truc, et ça m’a tout de suite bien plus."

Mon premier match avec les pros

"C’était avec Sélestat, François Berthier était le coach, et je crois que c’était un des derniers matchs de la saison. Quand, au bout d’un an en centre de formation, tu es déjà dans le groupe pro, c’est une réussite. Du coup j’étais super content. Je me souviens qu’on joue contre Montpellier, on perd, il reste trois ou quatre minutes et je rentre. Sur le moment, c’est un rêve qui se réalise, c’est ta première année, tu joues contre des stars à la télé, c’est assez fou."

Mon premier contrat pro

"C’était deux après, toujours à Sélestat. C’est un accomplissement, qu’on te propose un contrat pro après juste deux ans de centre de formation, tu as l’impression que le plus gros est fait. Mais avec le recul, c’est pas un aboutissement. Une fois que tu es pro, c’est une remise en question perpétuelle, être capable de continuer à repartir de l’avant, te donner de nouveaux challenges. C’est ce que j’ai essayé de faire en partant à Angers et à Mulhouse après ce premier contrat."

Mon premier trophée

"J’ai pas gagné grand chose, à part peut-être une coupe d’Alsace…Mais pour moi, faire une carrière pro, c’est déjà avoir gagné quelque chose. Je suis arrivé tout seul, j’étais à 8000 kilomètres de chez moi, les débuts ont pas été simples donc avoir réussi à vivre du handball, ça a forcément une saveur particulière. Avoir eu une carrière, c'est ma victoire."

Un entraineur qui m’a marqué

"La question qui n’est pas simple…François Berthier, car sans lui, je n’aurais peut-être jamais été pro. J’ai passé cinq ans avec Brahim Ighirri, qui avait réussi à former une bande de potes incroyables, avec de très bons joueurs aussi. Patrice Lecoq aussi, qui est décédé, et qui était au pôle espoir de la Martinique. Même si on était loin, on a continué à s’appeler régulièrement, pour prendre des nouvelles, et il faisait pareil pour tous les joueurs martiniquais. Cédric Sorhaindo, Wesley Pardin, ils ont tous cotoyé ce grand monsieur."

Le coéquipier le plus fort avec lequel tu as joué

"Issam Tej, quand j’étais à Sélestat. Certains soirs, il faisait tout tout seul, tu lui envoyais le ballon et il se débrouillait. Vraiment impressionnant."

Mon meilleur pote dans le hand

"Frédéric Beauregard, même si on n’a joué qu’un an et demi ensemble en métropole. C'était à Sélestat d'ailleurs. On vient du même club en Martinique, il a un an de plus que moi. On a une histoire un peu particulière, il était en équipe de France espoirs, ça s’est pas très bien passé et je l’ai plus ou moins remplacé, mais il ne m’en a pas voulu. On est très proche."

Meilleur souvenir

"Ma première coupe de la ligue avec Sélestat, on avait joué le Final Four à Nîmes. A l’époque, c’était juste la coupe de la ligue, mais le Final Four, t’avais l’impression d’être en Champions League. Je me souviens je suis arrivé là bas, j’étais à Disneyland, j’ouvrais mes grands yeux, j’étais super excité."

Pire souvenir

"Le match de Billère, avec Mulhouse, où on perd la montée. Plus que le résultat, et la déception de ne pas monter alors qu’on en avait les moyens, c’est comment les choses se sont passées. Ce n’est jamais sorti, mais plein de choses n’auraient pas du se passer, et ça fait qu’on a pété les plombs. Franchement, ça aurait pu aller bien plus loin qu’une bagarre générale. A l’époque, on pouvait se permettre des trucs qui ne pourraient plus se passer maintenant avec la vidéo. Qu’on joue physiquement, c’est le jeu, mais je crois que dans ce match là, certains ont dépassé les bornes. Ca m’a un peu dégouté du handball, sur le coup, qu’une telle volonté de faire mal puisse permettre à une équipe de monter en première division…"

Pourquoi arrêter ?

"J’arrive à une période où j’ai du mal à avancer, physiquement. Le handball d’aujourd’hui est beaucoup plus physique, et quand tu as du mal à courir…Je n’ai pas envie de me blesser parce que je ne suis plus au niveau. Je préfère anticiper, sachant que j’ai un projet de reconversion et que j’ai 36 ans, plutôt que de forcer pour continuer. Ne peux pas m’investir à fond, ou pouvoir venir à tous les entrainements, ce n’est pas l’image du sportif que j’ai. Et je sais aussi combien ma famille a pu sacrifier comme événements parce que je n’étais pas là, que ce soit les anniversaires ou les jours fériés, et je pense que c’est le temps d’arrêter. Je les remercie, d’ailleurs, d’avoir été aussi compréhensifs pendant toutes ces années."

Et maintenant ?

"Je travaille chez Nakara, une boite d’événementiel sportif. Là, je viens d’aller livrer des buts de beach handball. On livre des supports de communication pour les clubs et les fédérations. Cela me permet d’avoir un travail dans lequel je m’épanouis tout en restant au contact du handball et des sportifs de haut niveau. Dans le même temps, je vais entrainer l’équipe réserve de Strasbourg. L’objectif est de structurer le projet pour mettre en place un centre de formation et permettre à des joueurs de la région de pouvoir évoluer au plus haut niveau."