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A la découverte de... Benjamin Afgour

LNH - Publié le 20 avril 2016 à 12h56
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Chaque semaine, la LNH vous invite à aller à la rencontre de l’un de ses acteurs les plus en forme du moment. Ce mercredi place à Benjamin Afgour, le pivot de Dunkerque.

"Ahhhh Benjamin…" A l’heure d’évoquer Benjamin Afgour, Patrick Cazal est obligé de prendre une grande inspiration, histoire de peser ses mots. "Benjamin, c’est un très beau bébé, une force de la nature, démarre le coach de Dunkerque. C’est sûrement un des plus gros potentiels du handball français sur ce poste. Et je choisis le mot potentiel car c’est loin d’être un joueur fini. Il a encore une énorme marge de progression." Et c’est bien cette marge de progression qui cause quelques cheveux blancs au coach. "Benjamin peut parfois avoir le sentiment d’être déjà arrivé. Le polir demande un peu plus de temps", sourit le technicien, qui n’hésite pas à se montrer dur avec son joueur, comme lorsqu’il choisit de l’écarter pour trois jours après une piètre performance, en début de saison.

Une relation particulière que le pivot a désormais intégré. "Si on regarde de l’extérieur, on peut penser que c’est une relation difficile car on a deux gros caractères, on est assez impulsifs. A chaud, on peut du coup avoir tendance à mal se comprendre, reconnaît le natif de Rethel, désormais âgé de 25 ans. Parfois ça pète un peu, mais on sait mettre de l’eau dans notre vin. Si j’en suis là où j’en suis, c’est en partie grâce à lui et Arnaud (Calbry, entraîneur adjoint de l’USDK, ndlr). Au final, y a pas d’animosité entre nous. Je sais comment il fonctionne, et je sais que le jour où il n’est plus exigeant avec moi, c’est qu’il y a un problème. Au début j’ai pu trouver ça injuste, mais j’ai compris que c’était pour mon bien. J’ai pris sur moi et il n’y a pas de problèmes."

Premier stage avec les Bleus à l'âge de 22 ans

De quoi continuer à faire murir le jeune homme, dont la carrière a démarré à l’âge de huit ans, du côté de Sedan. "Je faisais du judo, mais le père de l’un de mes amis entraînait au hand. J’ai essayé et j’ai tout de suite accroché", se remémore celui qui admire alors Bertrand Gille et le Suédois Marcus Ahlm. Après avoir grimpé les échelons au sein de son club d’enfance, il décide de passer la marche suivante du côté de Dunkerque. "J’avais d’autres propositions, et notamment Chambéry, mais j’ai eu Arnaud Calbry au téléphone qui a su me convaincre. Au final, ça s’est fait assez naturellement." Physiquement hors-norme (1,95m, 106 kilos), le pivot n’est pas encore pro lorsqu’il remporte la Coupe de France, premier trophée du club, en 2011, face à Chambéry.

"Même si on a été champions de France après, c’est sans doute mon plus beau souvenir. C’était une finale, c’était à Bercy… Et puis c’était mon premier titre, je n’étais pas encore pro", sourit celui qui va connaître sa première sélection avec les Bleus à l’âge de 22 ans, quelques mois avant de connaître le titre de champion de France avec l’USDK. "Dans ces moments-là, tu es un peu la tête dans les étoiles, en plein rêve. Il faut savoir profiter, glisse l’Ardennais, qui va ensuite voir sa carrière freinée par une blessure au dos. Ce fut difficile à vivre. Je n’avais jamais connu ces moments où tu es sur le côté… C’est assez difficile de gérer ça physiquement et psychologiquement, mais ça forge aussi le caractère. Ca ne peut que me servir pour la suite. A moi d’être plus exigeant avec moi-même en dehors du terrain."

Cazal: "Le pivot le plus mal arbitré du championnat"

De retour sur les terrains en début de saison, Benjamin Afgour se montre rapidement trop impatient, et Patrick Cazal décide de nouveau d’aller au conflit, pour continuer son difficile travail de polissage. "Il peut encore énormément progresser dans la lecture du jeu, mais aussi dans sa relation avec ses partenaires. Benjamin est quelqu’un qui est très attiré par le but, et pour lui, un match réussi est un match où il marque plein de buts. Moi, j’aimerais lui demander d’avoir aussi un rôle pour offrir des solutions à ses partenaires, glisse le coach nordiste. En défense, c’est pareil. Il est très fort sur le bonhomme, très fort dans le duel. Mais il doit encore s’améliorer dans la lecture, et dans son intégration aux systèmes défensifs. Il faut qu’il s’organise aussi avec les autres."

Du travail, encore et toujours. Et des obstacles imprévus qui viennent se poser sur son chemin. "Ces derniers temps, il a beaucoup évolué, mais actuellement son avancée est freinée car je pense que c’est le pivot qui, dans notre championnat, est le plus mal arbitré, assène Cazal. Il est en permanence sanctionné sur des fautes non réelles. On a travaillé beaucoup avec lui sur ses poses de position, ses blocs. Et malgré ça, on peut observer de nouveaux gestes techniques arbitraux sur ses prises de position, puisqu’on lui demande d’être droit, de ne pas utiliser son postérieur… Les défenseurs rusent pour s’en sortir face à lui, et on peut voir à la vidéo les défenseurs tranquillement le contourner par la zone… C’est pénalisant pour lui et toute l’équipe…" De son côté, le joueur préfère courber l’échine. "C’est frustrant. Je n’ai jamais gain de cause… A moi de mettre ça de côté et de continuer à travailler", soupire-t-il.

Du travail qu’il continuera à moyen terme du côté de Montpellier, puisqu’il s’est d’ores et déjà engagé avec le MHB, à partir de juillet 2017. "Ca va être difficile de quitter mon club formateur, avec qui j’ai tout gagné… Mais pour mon évolution personnel et ma carrière, je pense que j’ai fait le bon choix. C’est le plus grand club de l’histoire du handball français. Ca peut notamment me permettre de retrouver les Bleus, conclut-il, pas plus perturbé que ça par ce transfert conclu avec 18 mois d’avance. Il y a 2-3 ans, j’aurais pu être perturbé, mais j’ai désormais muri. C’est un confort de savoir que mon avenir est décidé. Je ne pense pas du tout à Montpellier pour le moment. J’ai encore des objectifs collectifs et individuels à Dunkerque qui m’attendent…"

Benoît Conta