LNH

Klein: "Les fans français ont vraiment envie de s'enflammer !"

LNH - Publié le 18 janvier 2017 à 20h22
LNH
Après dix années passées à Kiel, Dominik Klein a choisi de s’offrir un dernier défi du côté de Nantes. Une aventure sur laquelle l’ailier gauche allemand revient pour nous, avant de jeter un regard aiguisé sur le Mondial 2017.

Dominik, pour commencer, comment allez-vous ?
Je me sens bien. Nous avons repris l’entraînement le 9 janvier après deux semaines de vacances donc tout va bien. 

Voilà un peu plus de cinq mois que vous êtes ici, à Nantes, quel regard portez-vous sur cette première partie de saison ?
Nous sommes sur une sorte de vague. Une grande vague de bons résultats. On n’a pas arrêté, notamment après la trêve internationale. Et puis au final, on s’est offert un joli cadeau de Noël avec cette victoire face à Paris au Hall XXL juste avant les vacances (sourire). Ce match avait quelque-chose de magique… La manière dont le Hall XLL est aménagé, avec notamment le public dans le noir et les spots dirigés uniquement vers le terrain, ça donne vraiment l’impression de participer à un grand combat. Quand tu es sur le terrain et que tu écoutes le bruit que fait le public… C’était vraiment top. Pourtant j’ai joué beaucoup de grands matches… 

Vous attendiez-vous à vivre ce genre d’ambiance ?
Oui, car je savais que les supporters à Nantes étaient les meilleurs (sourire). J’avais entendu parler de l’ambiance qui régnait à la Trocardière. Je savais qu’il y avait un gros niveau au niveau du public, comme j’ai pu le connaître à Kiel qui est une référence.

"En France, plus de liberté laissée aux joueurs"

Quelles sont les choses qui vous ont le plus surpris ici ?
De n’avoir accès à Internet que maintenant après presque sept mois dans ma nouvelle maison ! (rires) Là je dois dire que je suis vraiment surpris ! Voir même un peu énervé ! (sourire) Pour le reste je dois dire que je ne suis pas vraiment surpris. Je suis venu ici en novembre 2015 pour ressentir l’atmosphère ici. Je voulais vraiment ressentir au plus profond de moi si la décision que j’allais prendre était la bonne. J’ai pu visiter les installations et j’ai trouvé que tout était de très haut niveau, très professionnel. Mais il me restait encore une petite boule au ventre. C’est ensuite lorsque j’ai discuté avec le président et le coach, que tout s’est mis en place dans ma tête. J’ai vu qu’ici il y avait de réels objectifs, et notamment celui de jouer la Ligue des champions. Il me fallait ce genre d’objectif pour que j’ai la motivation, l’envie d’être un handballeur de haut niveau. Il me fallait cette excitation pour rester à mon meilleur niveau. Il me fallait ce genre d’objectifs. 

Quelle serait la plus grosse différence entre la Bundesliga et la Lidl Starligue ?
Ce n’est pas la première fois que j’entends cette question (rires) ! Je dirais que c’est surtout tactique. En Allemagne, on a plus d’enclenchements. Quand tu es joueur tu dois vraiment respecter et apprendre tous ces enclenchements. En France, je dirais qu’il y a plus de liberté donnée aux joueurs.

Avez-vous dû changer votre manière de jouer ?
Non je suis ailier gauche ! Je dois juste courir vite et marquer mes buts ! (rires)

Quel regard portez vous sur le niveau des équipes dans ce championnat ?
Je pense que comme en Bundesliga, le niveau du haut de tableau est vraiment fort, avec 7-8 équipes de très bon niveau. Tu n’as jamais vraiment de match facile. Sur ce début de saison, on a vraiment dû se montrer forts pour aller gagner à Nîmes ou à Montpellier. 

"Jouer dans un autre pays est enrichissant"

Avec Uwe Gensheimer, vous êtes désormais deux joueurs allemands en Lidl Starligue, une chose assez inimaginable il y a quelques années. Qu’est-ce qui a changé ?
Je ne sais pas si quelque-chose a vraiment changé. Dans nos deux cas, il y a une part de choix personnel, une situation au final unique. Pour ma part, il y avait vraiment cette belle opportunité de jouer avec ma femme dans la même ville, et ça au meilleur niveau possible pour nous. Tout ça nous offre une situation vraiment extra, un joli cadeau. Quand tu décides de quitter pour la première fois ton pays, tu ne sais pas ce qui va arriver. C’est un peu une aventure. Cet été, lorsqu'on a quitté Kiel, on avait la tête remplie de questions. Mais au final tout a été vraiment top depuis le premier jour.

Pourrait-on désormais voir d’autres joueurs allemands passer le Rhin pour venir jouer en France ?
Pourquoi pas ? Je pense d’ailleurs que c’est vraiment une belle expérience personnelle de se lancer pour jouer dans un autre pays. C’est très enrichissant.

Passons à ce Mondial 2017, avez-vous regardé quelques matches ?
Oui nous sommes allez voir France-Norvège dimanche notamment. J’étais au milieu des supporters et j’ai senti la même ambiance que lorsque nous jouons à la Trocardière. Mais cette fois j’étais de l’autre côté (sourire). J’ai senti que les fans français avaient vraiment envie de s’enflammer, et adoraient lorsque les joueurs les haranguaient. 

Instagram de Dominik Klein

Ce n’est pas forcément un bon souvenir pour nous, mais vous avez disputé un Mondial à domicile sous les couleurs de l’Allemagne, en 2007, est-ce spécial de jouer un Mondial devant son public ?
(rires) Bien sûr que c’est spécial. On avait d’ailleurs eu comme la France un match d’ouverture face au Brésil. Puis on est monté en puissance tout au long de la compétition. On a, je pense, écrit une belle histoire au fur et à mesure de la compétition. Tu sens que tout le monde est derrière toi et que cette attente grandit au fur et à mesure.  Nous avons beaucoup voyagé durant ce Mondial. Les trois derniers matches étaient à Cologne, mais nous avons aussi joué un peu partout pour être au contact de nos nombreux fans. A la télévision, il y a eu plus de 20 millions de personnes qui ont regardé la finale, c'était incroyable. Et puis il y a eu cette demi-finale face à la France, qui fut aussi spéciale pour moi puisque je marque deux ou trois buts durant la prolongation face à Thierry avec qui je jouais à Kiel. C’était vraiment extraordinaire de participer à tout ça alors que je n’avais que 24 ans. J’étais vraiment un mec chanceux. (sourire)

"Le favori du Mondial ? La France !"

Vous avez d’ailleurs retrouvé Thierry Omeyer cette saison en jouant face à Paris, a-t-il changé ?
Il ne changera jamais ! Il aura toujours la même mentalité. Tu sais que Thierry sera toujours là. Même s’il rate sa première période, il peut revenir dans les dix dernières minutes pour gagner le match. Je l’appelais « La Machine ». J’en parlais d’ailleurs à l’époque avec Daniel (Narcisse) et je lui disais que j’étais incapable d’être comme « Titi ». Il m’avait répondu: « Bien sûr que tu es pareil ! Si Kiel t’as recruté c’est que toi aussi tu es une machine. On est tous des machines ! » (rires) 

Ce qui veut dire que Nikola Karabatic est aussi une machine ?
Aaaaahhh… Lui c’est la plus grande machine qui ait jamais existé ! (sourire) Nous sommes de très bons amis. Nous étions voisins à Kiel. Nous allions au match ensemble. C’est lui qui me conduisait car il avait une belle voiture qu’il voulait montrer aux fans (rires).

Vous a-t-il donné des conseils avant que vous vous engagiez avec Nantes ?
Oui je lui ai forcément demandé son avis sur Nantes. Il m’a dit que c’était un super club qui grandissait année après année. Il m’a aussi parlé de La Trocardière et de l’ambiance qu’il y avait ici. Il a aussi évoqué de la défense qui était un peu plus rude ici (rires). 

Revenons-en au Mondial, que pensez-vous des progrès de l’équipe d’Allemagne ?
C’est vraiment bon de les voir à ce niveau. Dagur Sigurdsson a su prendre les bonnes décisions pour obtenir une équipe vraiment performante. Et puis cette équipe va jouer ensemble pour les 7-8 prochaines saisons. Et le réservoir est meilleur qu’avant car le fait d’avoir des joueurs qui préfèrent se reposer n’est plus vraiment gênant car d’autres seront là pour les remplacer. On peut voir une équipe avec des joueurs vraiment fiers d’avoir l’écusson allemand sur la poitrine. Je dirais même que le départ de Dagur Sigurdsson (qui s’est engagé avec le Japon, ndlr) n’est pas forcément un problème car il a construit quelque-chose de vraiment solide. Sur ce Mondial, beaucoup des joueurs disputent leur premier Mondial et ils vont déjà emmagasiner un peu d’expérience.

Pour finir, quel est votre favori ?
C’est la France… Ils ont une belle opportunité. Ils ont une super équipe, ils ont le public derrière eux… Et quand tu vois leurs premiers matches je ne sais pas qui sera capable de les arrêter. Après, tous les favoris, le Danemark, l’Espagne, l’Allemagne ou la Croatie ont montré qu’ils n’allaient rien lâcher et qu’ils comptaient bien être au rendez-vous des demi-finales… Nous verrons bien dans 10 jours !

Benoît Conta