Et si l’option « amis en communs » de Facebook n’avait pas existé… Morten Vium Troelsen arpenterait-il l’aile droite d’Ivry ? A l’écoute de la prise de contact effectuée par Ivry, auprès de l’ailier droit danois, la question mérite d’être posée. Repéré via ses statistiques dans le championnat danois, le gaucher a en effet reçu une demande d’un certain Lionel Bardou, sur le célèbre réseau social. "Je n’avais aucune idée de qui était cette personne", sourit celui qui évolue alors à Ribe-Esjberg. Il décide finalement d’ajouter le demandeur, qui s’avère être membre du comité directeur de l’US Ivry.
Une demande qui tombe à pic puisqu’à 24 ans, Morten Vium a des envies d’ailleurs. "Ca a toujours été un rêve pour moi de jouer en dehors de mon pays. J’avais envie de découvrir une nouvelle culture, une nouvelle façon de travailler", glisse celui qui fournit alors quelques vidéos, pour convaincre le club de Val-de-Marnais. Sous le charme, les dirigeants ivryens lui proposent de venir passer un test. "Je n’avais jamais passé ce genre d’essai. J’avais la pression car il fallait réussir à prouver mon niveau", sourit-il. Au final convaincant, il reçoit quelques semaines plus tard une proposition de contrat, qu’il ne tarde pas à accepter. "J’ai vite été convaincu par l’atmosphère qui régnait dans ce club durant les 3 jours passés là-bas. J’en ai un peu discuté avec ma famille, et j’ai vite décidé de sauter le pas". Il débarque donc dans le 94 en compagnie de sa petite amie.

Une efficacité quasi-chirurgicale
"Il s’est très vite intégré au groupe. « Morti » est quelqu’un de très ouvert et partant pour tout, que ce soit sur ou en dehors du terrain", note Léo Martinez, son coéquipier. Seul contre-temps, une petite blessure au genou dès son premier match amical, qui le met en marge du groupe jusqu’au début de la saison. "C’est frustrant car tu as envie de montrer ton niveau quand tu arrives dans un nouveau pays comme ça." Mais ce n’est que partie remise puisque dès la 2e journée, Ivry s’offre le scalp de Montpellier (30-29), avec 9 réalisations signées d’un certain Morten Vium. Un coup de force loin d’être un épiphénomène puisqu’après 15 journées, le deuxième meilleur buteur de Lidl Starligue tourne à 6,33 buts par match de moyenne. "Il est vraiment très efficace, décrypte Martinez. Ca ne partira jamais très fort mais c’est toujours bien placé. Et il profite de son bon sens de l’anticipation pour s’offrir de nombreuses contre-attaques."

Une efficacité (78%, soit le meilleur pourcentage du Top 15 du classement des buteurs ) que le Danois met au compte du staff et de ses coéquipiers. "La principale raison de cette réussite, c’est la confiance que je sens derrière moi. C’est facile de jouer ton jeu quand tu sens que tout le monde te fais confiance", note-t-il. Un confiance que l’ailier droit va également chercher grâce à son caractère, plutôt enjoué. "ll n'hésite pas à donner son avis au groupe lorsqu'il trouve que quelque chose ne va pas, ou au contraire, quand il trouve ça bien ! Il a de l'humour et il aime vraiment le handball. Ca fait vraiment plaisir de s'entraîner avec des gens comme ça", confirme Martinez.
L'équipe nationale dans un coin de la tête...
En phase avec ses coéquipiers, Morten Vium l’est également dans sa vie quotidienne. "Avec ma copine, on adore vraiment la vie ici, on est fan de la culture française. Ivry est une petite ville où tout le monde aime le handball. Et puis c’est vraiment collé à Paris. Pour nous c’est Paris d’ailleurs… même si j’ai cru comprendre que pour les Parisiens, Ivry n’est pas Paris !, sourit celui qui souffre néanmoins dans son apprentissage du français. C’est vraiment différent de l’allemand ou de l’anglais que j’ai appris auparavant. Dans votre langue, par exemple, on ne prononce pas toutes les lettres ! C’est compliqué pour nous de savoir lesquelles on doit prononcer ! (rires)"

En attendant de faire des progrès dans la langue de Molière, Morten Vium ne compte pas se priver de continuer à empiler les buts, histoire de permettre à son club de grimper quelques rangs au classement. "On peut être très bons quand on joue à notre meilleur niveau, mais on manque encore de stabilité. Si on parvient à la trouver, on peut très vite se retrouver 6e dans ce championnat tellement serré", estime-t-il, avant de conclure sur son dernier objectif: l’équipe nationale. Une sélection chez les grands qu’il n’a pas connu, au contraire de Rasmus Lauge Schmidt ou Alexander Lynggaard, membres de sa génération chez les jeunes. "Pour le moment, il y a deux des meilleurs ailiers droits du monde (Hans Lindberg et Lasse Svan Hansen), mais oui j’ai toujours rêvé de jouer pour l’équipe nationale. On verra quand ils arrêteront." Cette fois, les sélectionneurs ne devraient plus avoir besoin de passer par Facebook…
Benoît Conta
