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A la découverte de... Luc Tobie

LNH - Publié le 21 mars 2017 à 17h16
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Meilleur buteur dans le champ du côté de Nîmes, Luc Tobie a découvert le handball sur le tard, dans sa Guyane natale. Retour sur un itinéraire loin d’être commun.

"C'est vrai qu'on m'a parfois lancé: « Mais qu’est-ce que tu nous as ramené là ?»" Olivier Alfred en rigole désormais. Mais à l’époque, du côté d’Istres, l’heure était un peu moins aux sourires. Arrière droit originaire de Guyane, ce dernier vient de conseiller à son centre de formation un autre Guyanais, en la personne de Luc Tobie. "C’était un peu compliqué pour moi au début, c’est vrai", sourit ce dernier.

Il faut dire qu’avant d’arriver en métropole, le jeune homme était encore peu au fait des subtilités de la petite balle pégueuse. "J’ai commencé à l’âge de 17 ans, confirme-t-il. Je faisais du foot, et un jour je me suis blessé. Du coup j’ai eu un peu de temps pour aller voir jouer les matches de hand de mon frère et d’Olivier Alfred, son ami. Et j’ai assez vite accroché." Le voilà qui passe des pieds aux mains. Parti en métropole, Alfred garde lui un oeil sur le petit Tobie. "Je suis resté en contact avec son coach, qui me disait qu’il évoluait bien. Quand j’ai su qu’Istres cherchait un arrière droit pour le centre de formation, j’ai fait le lien", glisse celui qui évolue désormais à Martigues, en Nationale 1. Nous sommes en 2009, et Luc Tobie effectue un essai de deux semaines, avant de valider son entrée au centre provençal. 

Olivier Alfred (à gauche), Thierry Fleurival (au centre) et Luc Tobie (à droite). (Crédit: Instagram de Luc Tobie)

Nîmes, le club idéal ?

Et les débuts sont rudes. "C’est normal en même temps tu passes de deux entraînements par semaine, à deux entraînements par jour. Et puis tu changes de climat, de culture... Heureusement qu'Olivier était à mes côtés, mais aussi Thierry Fleurival et Grégory Tablon. Ils ont su m’accompagner", note le gaucher, 1,90m sous la toise. Pas forcément très utilisé à Istres, « Lucho » décide deux ans plus tard de migrer chez le voisin, Aix, alors au deuxième échelon national. "Là-bas, j’avais plus de temps de jeu, c’est ce qui m’a décidé", glisse-t-il.

Il arpentera le côté droit du Pauc durant cinq saisons, avant de donner un nouvel élan à sa carrière, du côté de Nîmes. "J’ai trouvé que ça convenait bien à mon style de jeu. J’aimais bien leur style, j’aimais bien l’ambiance qui régnait au Parnasse. C’est une culture que j’aime bien, basée sur l’engagement et l’agressivité en défense, et le jeu rapide derrière", décrypte-t-il. Un intérêt réciproque puisque dans le même temps, Franck Maurice apprécie les débuts de son poulain. "Il est arrivé pour être au relais d’Halgrimsson, et ce n’est désormais plus si évident que ça, note le coach. Déjà, il faut dire que Luc est un coéquipier exceptionnel. C’est quelqu’un qui arrive sur la pointe des pieds, qui ne fait pas de bruit. Tu ne l’entendras jamais hurler dans un vestiaire mais il est toujours présent, et donnera toujours de sa personne. C’est un mec simple quoi."

Une après-carrière en Guyane ?

Des qualités humaines forcément assorties à des qualités plus handballistiques. "Déjà ,en défense, c’est un vrai poison. Il est très habile, très mobile. Et en attaque, c’est une anguille, souligne le technicien. Il peut encore progresser sur la gestion des ballons car il prend parfois des tirs un peu tôt, quand la situation n’est pas encore ouverte. Mais il le fait avec tellement d’envie et de conviction que tu ne peux pas vraiment lui reprocher. Ce ne sont jamais des demi-tirs. Il fait tout à fond, et est très à l’écoute de ce que tu lui demandes sur un plan tactique."

De quoi faire de lui le deuxième meilleur buteur de l’Usam cette saison derrière Snorri Stein Gudjonsson, le premier si on enlève les penaltys. Pas de quoi faire enfler les chevilles du principal intéressé. "Je gère ma carrière tranquillement, je veux juste progresser année après année. Je vis ça sereinement, sans trop de pression, souligne celui qui mûrit tout aussi tranquillement son projet pour l’après-carrière. J’aimerais aider le handball guyanais à se développer. Mais c’est un travail compliqué car en Guyane, contrairement aux Antilles, il n’y a pas de structures pour envoyer les joueurs en métropole. Avec notre exemple, c’est déjà important pour les jeunes de savoir que c’est possible. Maintenant, et même si je n’ai pas encore passé de formation ni rien, j’aimerais vraiment aider le handball guyanais à l’avenir." Ce sera alors sans doute à son tour d’entendre: "Mais qu’est ce que tu nous as ramené là ?"... 

Benoît Conta