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[A la découverte de...] Konan le conquérant

LNH - Publié le 10 octobre 2017 à 16h37
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Nominé pour le Trophée LNH du meilleur défenseur la saison passée, Karl Konan n’en finit plus d’impressionner. Non content de défendre le fer, le voilà désormais insaisissable en attaque. Au point de le voir bientôt en Bleu ?

"Tout le monde pensait que j’étais gardien, c’est vrai." La carrière de Karl Konan au Pauc a démarré sur un petit malentendu. Arrivé en 2014 sur proposition de Daouda Karaboué et de son association DK Coeur Afrique, le jeune Ivoirien de 19 ans étonne lorsqu’il arrive en short à l’entraînement. Pas de coquille, pas de survêtement au menu. "Vu que je suis arrivé par l’intermédiaire de Daouda, c’est vrai que les gens ont pensé que j’étais un jeune gardien en qui il avait vu un potentiel et qu’il voulait intégrer à Aix", sourit celui qui vient alors de donner un tournant pas vraiment prévu à son destin initial. 

Doué pour les études, le jeune Ivoirien passe en effet une jeunesse paisible lorsqu’il entre à l’Ecole Militaire Préparatoire Technique de Bingerville, à quelques pas d’Abidjan. "A l’époque je faisais du basket, se souvient-il. Et puis à l’internat, j’ai dû choisir un autre sport. Comme ma mère avait été internationale de handball, je me suis dit: « Pourquoi ne pas essayer ? »" Le doigt se coince alors dans l’engrenage. Alors qu’il participe pour la deuxième fois à un rassemblement de l’association DK Coeur Afrique, le jeune Karl tape dans l’oeil de Daouda Karaboué, qui le choisit pour participer à un stage, en Corrèze, avec d’autres jeunes Ivoiriens. 

Tout à droite, Karl Konan est une tête au-dessus des autres ! (Crédit: DK Coeur Afrique)

Une tête bien pleine

Convaincu de son potentiel, l’ancien gardien des Bleus lui propose alors de passer quelques essais. Cesson-Rennes, Chambéry et Aix sont sur les rang, et le jeune homme jette son dévolu sur la Provence. "Pour le soleil !", rigole-t-il. Il faut aussi convaincre la famille de ce choix de vie. "C’est vrai que j’avais un bon cursus scolaire, que ça pouvait apparaître un peu risqué. Tout le monde a un peu tiqué mais je n’ai pas arrêté les études. Si tout va bien, je devrais terminer l’année prochain un Bachelor en marketing que je passe en ligne. Là, seulement, je mettrai les études en stand-by. Pour le moment, je parviens à lier les deux activités", note-t-il. 

Crédit: Fabien Thouvenin/Saran

Un double projet pour le moment mené avec brio puisque d’un point de vue handball, Karl Konan passe les obstacles avec une facilité déconcertante. "Quand je vois ce qu’il est capable de faire à seulement 22 ans... Il sait faire beaucoup plus de choses que moi lorsque j’avais 22 ans, avoue son coach, Jérôme Fernandez. C’est un véritable athlète, un garçon très structuré dans sa tête. Il est devenu un joueur majeur en attaque, après l’être devenu en défense." Lancé en Lidl Starligue il y a deux saisons, « Karlito » a en effet dû ronger son frein avant de gambader des deux côtés de la ligne médiane. 

Bientôt les Bleus ?

"Je relativise désormais car j’avais de grosses lacunes en attaque. Et ce n'est finalement pas plus mal de commencer par défendre afin d’observer comment les gens attaquent. Mais je profitais quand même de chaque montée de balle pour tenter d’aller gratter un but ici ou là, sourit-il. Et puis c’était une source de motivation à l’entraînement. Dès que j’avais une petite occasion, un joueur qui avait un petit bobo, je donnais tout pour montrer ce que je savais faire." Le tout sous l’oeil averti de son entraîneur. "Karl, on le voyait avancer, se faire sa place. C’est quelqu’un qui travaille très bien, souffle l’ancien arrière gauche. Ce n’est maintenant qu’une question de temps avant de le voir devenir l’un des tous meilleurs joueurs du championnat."

Un hommage appuyé donc, pour celui dont le nom commence à apparaître dans des hypothèses de naturalisation et de sélection avec l’équipe de France. Une trajectoire qui rappellerait alors furieusement celle du grand frère, Daouda Karaboué. Karl Konan, lui, préfère évacuer le sujet. "Je n’ai jamais rien dit sur le sujet, je ne comprends pas pourquoi on parle de cela. Il n’y a pas de processus enclenché ou quoique ce soit. Pour le moment, je suis concentré sur Aix et rien d’autres", élude-t-il. Son entraîneur, lui, ne voit pas beaucoup d’obstacles. "S’il est naturalisé, je ne vois pas beaucoup de joueurs avec son profil et son potentiel. Ca peut être une belle ressource, oui", conclut Jérôme Fernandez. Cette fois, il y a fort à parier que les sélectionneur ne lui prépareront pas une coquille… 

Déjà l'aise à l'Arena !

Benoît Conta

Crédit photo: Sylvain Sauvage/PAUC