LNH

Paroles de présidents

LNH - Publié le 26 mars 2018 à 18h33
LNH
Mercredi, ils seront côte à côte à la Halle Carpentier lors d’une soirée spéciale avec Issy-Paris/Nantes et Ivry/Paris. Nodjialem Myaro et Olivier Girault ont été des Internationaux et bouclé une longue carrière de joueurs, avant d’occuper les plus hautes fonctions dans leur Ligue.

Ils sont, aujourd’hui, des symboles pour le monde sportif puisqu’aucune Ligue dans le sport collectif ne peut s’enorgueillir d’avoir confié des responsabilités à deux de leurs plus grands champions. Leur parole n’en a que plus de sens.

Au début des années 2000, comment le handball féminin et masculin cohabitaient-ils ?

Nodjialem Myaro : C’est par le biais de l’équipe nationale que l’on avait, le plus souvent, l’occasion de partager. Avec Olivier, par exemple, j’ai participé deux fois aux Jeux Méditerranéens et deux fois aux Jeux Olympiques. On a toujours pris le temps de se poser pour discuter. Les deux groupes ont toujours été proches, solidaires les uns des autres. 

Olivier Girault : Chacun vivait son aventure, je crois. Il y avait un peu plus de contact lors des regroupements des équipes de France. Mais on échangeait surtout lors les compétitions. Nodjialem, je l’ai croisée la toute première fois lors des Jeux Méditerranéens à Bari, il me semble. Mais c’est surtout pendant les Jeux Olympiques que le lien était plus fort. Filles et garçons jouaient à tour de rôle et chaque équipe soutenait l’autre. Pareil, on discutait souvent au village olympique puisque nous étions situés dans le même secteur.

Gardez-vous un souvenir particulier de vos rencontres ?

N.M : Le regard d’Olivier…. Tellement déterminé. J’aurais pu parler de sa vitesse, de son agressivité non c’est sa détermination qui m’a marqué. D’ailleurs, je n’ai pas été surprise par son parcours. Quand il veut quelque chose, quand il poursuit un objectif, il se donne corps et âme.

O.G : Nodjialem était une joueuse différente, en avance, pour résumer, sur son temps. Grand gabarit, puissante avec des capacités athlétiques hors normes. En regardant évoluer Nodjialem, on comprenait que le handball féminin allait prendre une autre dimension, une nouvelle direction.

Généralement, les anciens Internationaux envisagent leur reconversion dans une carrière d’entraîneur, pourquoi avez-vous choisi un chemin différent ?

N.M : L’idée d’entraîner, même si j’ai un peu pratiqué avec les jeunes dans les clubs où j’ai joué, n’a jamais été une obsession, un but. D’ailleurs, si vous regardez bien, chez nous il y a très peu d’Internationales à s’être engagées dans cette voie. Mon retour dans le handball a été accidentel, si j’ose dire. Quand Joël Delplanque, président de la Fédération, m’a appelée pour me proposer de diriger la ligue féminine, j’ai longuement hésité. Je sortais juste de ma carrière de joueuse et je songeais plutôt à m’occuper de mes jumeaux et de ma famille. Mais, bon, la passion était toujours là et je suis repartie. 

O.G : J’ai été entraîneur à Paris mais j’ai compris très vite que je n’étais pas fait pour ce métier. J’en suis sorti pour entrer dans le monde des médias. Après, tout est question de passion. J’avais envie d’aider mon sport, de m’y investir pleinement. La simple idée de participer à son développement et à son essor a été une grande motivation pour moi. Je ne recherche pas par ce biais une quelconque reconnaissance, je suis simplement dans la notion de service. 

Votre statut d’ancien joueur, et donc votre connaissance du terrain, sont-ils des atouts pour assumer une telle responsabilité ?

N.M : Oui, quand même. On a l’avantage de connaître les problématiques de la compétition. Tu sais de quoi tu parles quand tu as passé la moitié de ta vie dans ce milieu. Après, il faut affronter de nouvelles difficultés, s’attaquer à des dossiers complexes puisqu’il s’agit, surtout, de répondre aux interrogations de clubs qui ne poursuivent pas toujours les mêmes objectifs. De la même manière, on travaille actuellement sur des projets concernant l’autonomie de notre Ligue à partir de 2020. Petit à petit, on s’adapte, on essaie de comprendre et on avance. 

O.G : Non, pas du tout. Joueur, ta seule préoccupation reste le match. Tu poursuis, sur la durée de ta carrière, un objectif plus personnel. Donc tu t’arrêtes très peu sur l’environnement parce que tu es centré sur toi-même. Quand tu prends des responsabilités, comme à la Ligue, tu te plonges dans les dossiers, tu regardes comment travaillent tes équipes, tu es à l’écoute des présidents de clubs, des partenaires. Tu dois avoir une vue globale tout en maîtrisant de nouveaux domaines. C’est un travail qui demande beaucoup d’investissement  mais qui reste passionnant.

Vous y étiez-vous préparés ?

N.M : Non, pas du tout. A mon époque, tu faisais du handball mais tu songeais surtout à ta reconversion. J’ai poursuivi des études de psychologie et je travaille actuellement, puisque je suis bénévole à la LFH, sur Toulouse. Le handball féminin générait moins de ressources, on se devait donc de penser à l’après. Sur ce point, j’ai réussi puisque j’évolue dans un milieu qui me passionne. Il a fallu que je m’adapte quand j’ai accepté le poste de présidente de la Ligue. Je me penche sur les dossiers le soir après le travail. 

O.G : Je suis d’une génération où les joueurs étaient également des étudiants. On savait qu’au cours de la carrière sportive, il fallait anticiper la reconversion. L’avantage c’est que l’on s’ouvrait davantage sur le monde extérieur, que l’on se trouvait, également, face à la réalité de la vie et qu’il fallait penser à l’avenir. On ne vivait pas en vase clos. D’une certaine manière, cela m’a préparé pour les activités que je mène aujourd’hui.

Quel symbole faut-il voir dans le double confrontation Issy-Paris/Nantes et Ivry/Paris de ce mercredi ?

N.M : Grâce à beIN SPORTS, un match de filles et un autre de garçons vont être diffusés en direct et à la suite. Dans cette opération, beaucoup de gens se sont engagés, les dirigeants, les salariés, les bénévoles. C’est notre ADN aussi dans ce sport que de réunir tout le monde. Le symbole, c’est qu’il peut exister de réelles passerelles. D’ailleurs, on travaille beaucoup avec Etienne Capon, le directeur général de la Ligue Nationale de Handball, pour que notre Ligue progresse et avance. Ensemble, je crois, c’est beaucoup plus facile et plus agréable.

O.G : On fait le même sport, non ? J’ai souhaité que cet événement existe parce qu’un chiffre m’interpelle : 40% des licenciés de handball sont des femmes. Je rappelle encore que les deux équipes nationales sont championnes du monde en titre. Et puis, j’aime la manière dont les dirigeants d’Ivry et d’Issy-Paris se sont investis, ensemble, pour organiser cette fête à la Halle Carpentier. Ce coup de projecteur, grâce aussi à beIN SPORTS qui retransmet les deux matches, sur notre sport est une marche supplémentaire pour la reconnaissance de l’activité. Cela montre aussi qu’il existe une belle relation entre les Ligues masculine et féminine. La LFH n’hésite pas à nous consulter sur les process que nous avons engagés. Elle se développe et grandit et si on peut l’aider…

L.M.
Crédits photos F.AYGALENQ / S.CAILLET