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Antoine Gutfreund, épanoui sur le terrain et au bureau

LNH - Publié le 17 mars 2020 à 18h54
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L'arrière droit et capitaine du Sélestat Alsace Handball porte, depuis cette saison, deux casquettes : joueur de handball mais aussi chargé de marketing à l'ASPTT Strasbourg, un club omnisports de sa ville natale.

De Montpellier à Sélestat, en passant par Dijon, et le tout sans regrets, c’est un peu un (court) résumé de la carrière d’Antoine Gutfreund. Bon, il en reste encore une bonne partie à écrire, puisque le gaucher sélestadien n’a que 27 ans, mais on a la vague impression de l’avoir vu sur les parquets français depuis bien plus longtemps que ça. “Il y a un paquet de raisons pour lesquelles je peux dire que je n’ai aucun regret d’avoir fait les choix que j’ai faits. Je suis parti de Montpellier vers Dijon pour avoir un rôle et ne plus être assis sur le banc” raconte-t-il. “Quand Selestat m’a appelé, cela me permettait de remplir mon objectif principal : rejouer dans l’élite. Et comme cela me permettait de me rapprocher de ma famille, j’ai fait d’une pierre deux coups.”

Alors, avant que vous ne posiez la question, oui, Antoine Gutfreund a des racines allemandes. Sa grand-mère maternelle, pour être exact. Mais non, il ne parle pas allemand même si, de son propre aveu “jouer en Bundesliga aurait été un rêve.” Mais plutôt que de chercher à tout prix à jouer au plus haut niveau, quitte à s’y perdre, le Strasbourgeois a décidé de faire ce que peu de ses collègues font aussi jeunes : préparer son après-handball. Mais est-ce vraiment préparer l’après que de continuer ses études et d’avoir un travail à côté des terrains ? “En tout cas, j’y ai gagné en sérénité, sans perdre en motivation sur le terrain. C’est sûr que, quand je serai en fin de contrat, cela ne pèsera pas autant que pour d’autres” explique celui qui fait désormais les cinquante kilomètres entre Strasbourg et Sélestat tous les jours.

Bureau le matin, entrainement le soir

Car depuis six mois, il passe la moitié de son temps….dans un bureau. Chargé de marketing à l’ASPTT Strasbourg, Antoine Gutfreund a désormais un emploi du temps où le mot repos n'a pas trop sa place. “Le matin, je suis au bureau, je fais ma muscu en autonomie avec un programme concocté par le préparateur physique et je vais à l’entrainement le soir” détaille le gaucher. Ce qui donne des journées plutôt bien remplies : “Et ça tombe bien, je n’aime pas rien faire ! Il a fallu s’adapter sur le premier mois en termes d’organisation mais maintenant, tout est bien calé.”

Ne pas penser qu'au handball, presque une obligation

La mise en place de ce nouveau système s’est faite, comme souvent, en bonne intelligence avec le club de Sélestat. Ce CDD avec l’ASPTT Strasbourg contente tout le monde financièrement et permet, surtout, au joueur de pouvoir s’aérer l’esprit. Ne pas penser qu’au handball, 24 heures sur 24 heures, est presque une obligation pour ce passionné de voyages. Mexique, Thaïlande, il a déjà bourlingué et croise en ce moment les doigts pour que son périple aux Philippines cet été ne se fasse pas manger tout cru par le coronavirus. “Ma copine joue en N1 et est professeure des écoles donc ce n’est pas toujours simple de trouver des créneaux, mais dès que ça colle, on en profite pour bouger” souffle-t-il.

Bouger de Selestat, ce n’est pas encore pour maintenant néanmoins. Gutfreund y joue actuellement sa quatrième saison et a enfilé cet été le brassard de capitaine. Pas forcément prévu, mais dans un groupe très rajeuni (à 27 ans, il est le quatrième plus vieux), il a fait son trou. Au point de nous lâcher que, si son niveau au football laisse à désirer, il est quand même bien meilleur que Benoit Deghaud. Lui, le Strasbourgeois qui n’a jamais été inscrit dans un autre club que le handball. “Paradoxalement, j’ai pris plus de responsabilités dans le vestiaire au moment où j’ai commencé à avoir un emploi à côté” sourit-il. Comme quoi, il faut être épanoui dans la vie pour l’être sur un terrain.

 

Kevin Domas. Photos : Frederic Bocquenet & Kevin Domas