"Au début, c'était loin de nous..."
« Je pense que j’ai vraiment entendu parler du coronavirus à la fin du mois de février. C’était par les infos, et je dois avouer, comme beaucoup, je n’ai pas pris la chose très au sérieux. C’était loin de nous, c’était en Chine, j’ai été naïf et je ne m’intéressais pas trop au truc. Et puis au fur et à mesure des jours, on a commencé à en discuter, notamment avec Kader Rahim, et on a vu que ça prenait vraiment de l’ampleur. Après, sincèrement, je n’ai jamais pensé que tout puisse s’arrêter comme ça. On a joué notre dernier match le dimanche 8 mars, en Coupe de France, face à Paris (défaite 32-21, ndlr). On devait ensuite les recevoir le mercredi 18, en Lidl Starligue. Pour moi, on allait jouer. Après, on avait eu certaines consignes sur la fin, avec notamment la suppression du handcheck. C’était un peu bizarre d’ailleurs, car, ok on ne se checke pas, mais cinq minutes après il y a du contact, on s’échange le ballon… Après je suis gardien de but, et face à Paris, c’est vrai que ça peut aller vite d’éviter les ballons... (rires) »
"On ne s'attendait pas du tout à ce que ça s'arrête"
« Quand on sort de ce match contre Paris, franchement, on ne s’attendait pas du tout à ce que ça s’arrête. Et puis, au fur et à mesure, c’est monté. Dans la semaine, j’ai eu mon frère (Nassim, joueur de Massy en Proligue, ndlr) et je commençais à entendre que les matches pouvaient être annulés. Ensuite, j’ai eu vent du joueur qui a été contaminé à Limoges. Je connaissais un peu de monde là-bas, donc j’ai vite appris qui c’était, et c’est quelqu’un que je connais. C’était bizarre d’entendre qu’il était infecté, même si pour lui, c’était assez bénin. Ca s’est vraiment rapproché à ce moment-là. On s’est entraîné une dernière fois mercredi dernier (le 13, ndlr). Ensuite on avait un jour de repos, puis entraînement le matin. Là, Patrick Cazal nous a dit de ne pas nous mettre en tenue et le président nous a expliqué qu’on était mis au repos, que le championnat était suspendu jusqu’au 22 avril... »
"Je suis à la maison avec mes parents, mon frère et ma soeur"
« C’est peut-être un peu égoïste de ma part, mais lorsque j’ai eu connaissance de la date de l’arrêt, j’ai préféré descendre dans le Sud, pour être avec mes proches. A ce moment-là ce n’était pas encore le confinement total et je pensais encore un peu voir mes amis. Au final, je suis à la maison avec mes parents, mon frère et ma soeur. C’est un peu bizarre mais on a vite repris nos habitudes de jeunesse. J’ai l’impression d’être revenu au collège. (rires) Après c’est aussi sympa, c’est un peu un mal pour un bien car je ne les vois pas souvent et là je peux passer beaucoup de temps avec eux. Et même si on est confinés, j’ai la chance d’avoir un jardin et un frère qui est handballeur. On peut s’aidés tous les deux. »
"Avec mon frère, on peut vite se monter la tête..."
« On a un programme d’entretien que nous a concocté Arnaud Calbry, l’entraîneur adjoint. On le suit à la lettre, et si on veut rajouter des exos, libre à nous. Avec mon frère, on va mettre un peu de handball là-dedans. On n’a pas de but, mais comme à l’ancienne on va installer deux bouts de bois, on a une petite verrière qui peut servir de but. On va pouvoir faire des petits jeux. On se retrouve comme avant, mais c’est toujours spécial avec mon frère, car on peut vite se monter la tête. On va voir si dix ans après c’est encore le cas. (sourire) Au city-stade, les parties ont toujours fini avec des embrouilles, on va voir si avec l’âge et l’entraînement en plus, ça s’améliore ou si on se fout encore plus sur la gueule. (rires) »
"Une roucoulette avec un rouleau de PQ !"
« Après je suis pas mal sur les réseaux, et j’ai vu tous ces trucs de #PQChallenge avec les footeux qui faisaient leur truc avec les pieds. J’ai un pote qui gère la communication du Frontignan Handball et on s’est dit qu’on pouvait adapter le truc au handball. A la main on peut faire des trucs stylés je pense. Ca permet aussi de penser à autre chose parce que quand tu mets la tête sur Twitter ou à la TV, et même si c’est indispensable, c’est un peu angoissant. Donc si ce petit truc peut aider les jeunes ou même les pros à sortir dans le jardin pour s'aérer, ça peut être cool. A chacun de tester sa précision avec sa cible. Mais, il n’y a pas que moi qui ait lancé le truc, mais bon, j’ai choisi de relayer ça. D'ailleurs, il y a eu des trucs sympa, j’ai vu une fille qui a réussi à faire une roucoulette avec un rouleau de PQ. C’est fort ça, non ? (sourire) »
"On a la chance de pouvoir se confiner..."
« Pour finir, nous, on est comme tout le monde, on ne sait pas quand ça s’arrêtera, et quand le handball reprendra. Mais ce que je souhaite dire, c'est "bon courage" aux personnes dans le milieu hospitalier et celles qui travaillent encore. On a nous la chance de pouvoir se confiner et j’espère que tout le monde en prendra conscience. C’est réellement une chance de pouvoir essayer de se mettre à l’abri, contrairement à certains qui sont au front... »
Be. C.