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Les premières fois de... Jef Lettens

LNH - Publié le 28 avril 2020 à 09h37
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D'Hasselt, en Belgique, à Toulouse, en passant par Saran, Jef Lettens revient sur les grands moments de sa carrière.

Mon premier entraînement de handball

« Je devais avoir 8 ans. C’était à Hasselt, la ville où je suis né. Je faisais du foot et du basket mais mes parents n’aimaient pas trop l’esprit du foot et ils ont cherché quelque-chose de différent. Et, à Hasselt, le sport phare est le handball. C’est le club le plus titré de Belgique. On vit dans une région, le Limbourg, où il y a 3/4 clubs performants, qui ont le même fonctionnement avec une bonne formation des jeunes. Il y a aussi Bocholt, qui est champion du moment, et Tongres. Mais Hasselt reste le club le plus titré. J’ai donc fait des essais là-bas et c’était parti pour 16 ou 17 ans au club. (sourire) »

Jef est en en haut à gauche, au 2e rang en partant du haut. (DR)

Ma première coquille

« Je devais avoir 12 ans. Avant cela, j’étais sur le terrain. Ca commencé avec un entraînement, on a testé chacun notre tour et puis sur un match où l’on avait pas de gardien, j’ai décidé d’y aller. Je ne suis plus jamais ressorti. Je pense que sur ce match on a pris 5 buts, j’ai bien aimé. (sourire) Après, à l’époque, ça avait quand même pas mal de gueule de jouer sur le terrain plutôt quand dans le but, il faut l’avouer. Dans le but, t’es quand même souvent battu, et j’avais du mal à gérer mes émotions. J’étais au bord des larmes à chaque but que je prenais. (rires) J’étais trop exigeant avec moi-même. Il fallu s’améliorer sur ce point assez vite et je suis resté dans les cages. Maintenant, s’il manque d’un arrière gauche, je peux toujours dépanner, aucun souci. (sourire) »

La première fois que j'ai pensé à devenir pro

« C’est arrivé assez jeune. Je regardais à l’époque Arpad Sterbik et Thierry Omeyer, qui étaient les références pour moi à ce poste. Et puis Yérime Sylla et Ragnar Oskarsson sont arrivés à la tête de l’équipe nationale de Belgique. Je suis arrivé en équipe nationale à 16 ans, et eux ont dû arriver quand je devais avoir 17 ans. Et, à force de discuter avec eux, d’écouter ce qu’ils avaient vécu, ce qu’ils nous donnaient comme conseils, mais aussi leur regard sur notre niveau, je me suis dit que c’était possible. C’est là que je me suis mis dans la tête de tout mettre en oeuvre pour être gardien pro. »

Ma première frustration

« Mon père m’a rapidement fait comprendre que je devais finir mes études avant de me lancer dans cette carrière dans le handball. Il voulait que j’ai quelque-chose pour l’après-handball. Ma mère était plutôt vers le sport de haut niveau. Je me souviens avoir eu, par un coach, un contact pour effectuer un stage avec Branko Karabatic, qui était à cette époque entraîneur des gardiens à Montpellier. Mais mon père a dit non, car il voulait que je réussisse mes études. Là, ce fut compliqué car j’étais jeune, et le sport comptait plus que tout. Je voulais absolument intégrer un centre de formation en France. Ca a été une grosse déception. Mais avec le recul, je suis content d’avoir eu mon diplôme de kiné. C’est quand même un sacré confort de l’avoir en poche. Une blessure et ta carrière peut s’arrêter, tu peux te retrouver borduré dans un club. Moi j’ai une petite assurance pour la suite. (sourire) »

Mon premier départ de Belgique

« J’avais quelques touches, notamment avec Istres, via Gilles Derot et donc Saran, avec Fabien Courtial. J’ai pas mal discuté avec mes proches et mon agent, et on a décidé qu’il était plus facile de se montrer dans un club ou je pouvais beaucoup jouer. Après il y avait un petit risque car Saran était en N1, et il a fallu attendre les 15 dernières minutes de leur dernier match pour être assuré de leur montée. Mais au final, ce fut le meilleur choix car quand je vois la saison que l’on a vécu… C’était vraiment une saison inoubliable, avec un tel groupe, une telle cohésion. Tant humainement que sportivement, ça marchait super bien. Il y avait vraiment une atmosphère familiale. On a souvent dit qu’à Saran, on buvait des bières pendant la vidéo, des choses comme ça. Et bien, c’était vraiment comme ça. (rires) On buvait des bières après l’entraînement, on sortait pas mal quand on était en déplacement, mais tout ça nous permettait aussi de bien nous engueuler une fois sur le terrain… et de gagner les matches. Car on était bien là pour gagner les matches. Et puis, il y avait quand même de la bière belge. Avec Alexis Poirier et Yann Gheysen, qui connaissaient le Nord, on a réussi à imposer de la bonne bière. Je n’ai pas trop eu besoin de boire de la 16 ou de la Heineken. (rires) »

Mes premiers pas en Lidl Starligue

« Ce n’était pas avec Saran, mais avec Cesson-Rennes. Je dois d’ailleurs remercier Fabien Courtial car on avait signé un an, plus un an, et j’ai réussi une saison vraiment top, durant laquelle tout me réussissait. Vers le mois de décembre, il est venu me voir pour prolonger le contrat, mais il m’a aussi dit qu’il avait eu Yérime Sylla, qui entraînait Cesson-Rennes, et il m’a encouragé à aller là-bas, pour aller vers le plus haut niveau. Avec Yérime c’était spécial, c’est lui qui m’a formé en Belgique. Et puis à Cesson-Rennes, je retrouvais un peu les mêmes valeurs que j’avais à Saran, un club familial. Une fois en Lidl Starligue, il y a eu de la fierté oui. C’était quelque-chose que j’avais en tête quand j’étais jeune. (sourire) En plus le premier match, c’était à Antarès, au Mans, face au PSG. Même si je n’ai pas joué, j’ai pris conscience que je n’étais plus là pour admirer ces gars-là, mais bien pour jouer et donc qu’il fallait travailler pour rester à ce niveau. »

Mon premier Hand Star Game

« C’était en 2018. Tout est parti d’une blessure de Kevin Bonnefoi. J’étais numéro 2, et j’ai pu profiter de cela pour me montrer et avoir du temps de jeu. Ce fut une réussite et je me suis retrouvé sélectionné avec Yassine Idrissi en tant que gardien de l’équipe des étrangers. Je me suis retrouvé à jouer à Bercy, ce qui était une grande première pour moi. Mes parents ont fait le déplacement, ils ont fait un petit week-end sympa. (sourire) Ce Hand Star Game m’a aussi permis de faire connaissance avec des joueurs à qui je n’avais jamais parlé. C’est vraiment un très beau souvenir, même si quand on est gardien, un Hand Star Game, ce n’est pas le plus rigolo. (rires) Mais je me suis bien démarqué dans les petits jeux qu’il y avait autour du match. »

Mon premier match contre l'équipe de France

« Ce n’est pas un bon souvenir pour moi ça. (rires) Ce n’était pas un match de gardien, puisqu’on a perdu 38-37 et je n’ai pas été bon du tout. On a beaucoup utilisé le jeu à 7 sur ce match et je devais pas mal sprinter. Je n’étais plus très lucide dans mon but. (sourire) Après, ça reste un match historique, contre la meilleure équipe du monde. Je pense qu’ils nous ont un peu sous estimés et on a réussi à les accrocher. Mais on perd d’un but. Si j’avais fait un peu plus d’arrêts, on aurait pu gagner… C’était le bon moment en tout cas. Mais ça reste un grand moment car la salle était pleine, les médias en ont beaucoup parlé. Je pense que ça a donné quelques idées à des jeunes joueurs de venir dans les clubs, mais aussi à d’autres d’aller jouer à l’étranger. L’objectif, un jour, c’est de disputer une grande compétition, et notamment l’Euro, qui est désormais élargi. On aimerait bien faire comme les Pays-Bas sur le dernier Euro… »

Ma première déception professionnelle

« J’ai signé à Nantes lorsque j’ai joué le Hand Star Game, pour l’été 2019. Et puis, sur la saison suivante, j’ai senti que quelque-chose ne tournait pas rond. C’était difficile à vivre car j’avais envie de jouer dans cette équipe, qui sortait d’un Final4 de Ligue des champions. Et puis je lisais de plus en plus de rumeurs comme quoi ils cherchaient un autre gardien. Je trouvais que c’était bizarre, que ça puait un peu. (sourire) Et puis ils ont annoncé la signature d’Emil Nielsen. Forcément, je n’avais plus envie d’arriver en tant que troisième gardien, je voulais continuer à jouer, à progresser. Ce fut difficile à vivre car ça travaillait dans la tête, mentalement, ce fut compliqué de vivre avec ces doutes. En plus, on a vécu une saison difficile avec Cesson-Rennes, donc oui, ce n'était pas simple… »

Mes premiers pas à Toulouse

« J’ai retrouvé une partie de la confiance que j’avais perdu sur la dernière saison à Cesson. J’ai retrouvé un côté humain ici. J’avais déjà des infos que l’équipe vivait bien ensemble, mais j’ai aussi bien accroché avec Philippe Gardent. Les premiers mots qu’il m’a dit, c’est après le premier match amical, je venais de faire une quinzaine d’arrêts. Il m’a dit: « Ca y est t’as fait plus d’arrêts que sur toute la saison passée ». (sourire) On s’est construit une vraie relation à partir de là. D’avoir sa confiance, ça a été plus facile pour entrer dans la saison ensuite. J’ai vraiment trouvé une équipe, un staff qui fonctionnent bien et pour les recrues comme Luc (Steins), Ayoub (Abdi) ou moi, c’était d’autant plus facile. » 

Mes premiers pas en EHL

« Ce sera pour la saison prochaine. C’était un objectif pour moi quand je suis arrivé en France. On se fixe toujours des objectifs d’une année à l’autre. Ca a d’abord été de jouer en Lidl Starligue, puis de devenir numéro 1, puis de jouer un niveau au-dessus… Maintenant on a décroché notre ticket pour l’European Handball League et j’ai vraiment hâte de connaître ce niveau. En plus, avec la réforme de la Ligue des champions, il y aura encore plus de bonnes équipes. C’est un nouveau pas dans ma carrière, mais aussi pour le club. J’espère que l’on parviendra à se qualifier pour la phase de poules, ça apporterait vraiment une belle dimension à notre saison. »

Benoît Conta