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Vladimir Perisic : "Je dois beaucoup à la France"

LNH - Publié le 11 juin 2020 à 15h28
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Pas forcément enthousiaste à l'idée de rejoindre la France il y a huit ans, Vladimir Perisic a fini par y poser ses valises et n'en est plus parti. A l'heure de mettre un terme à sa carrière professionnelle, il revient avec nous sur les meilleurs moments.

Ma première licence

Ca commence à remonter (rires) ! J’avais neuf ans, c’était avec le club de Negotin, une petite ville dans l’est de la Serbie. J’ai suivi des gamins de ma classe, en plus mon oncle était coach, alors ça a aidé. J’ai été dans les buts rapidement, il faut dire que j’étais un des rares à ne pas avoir peur du ballon. A 12 ans, je jouais déjà avec les adultes, et c’est pas une blague ! C’était en troisième division, je suis entré quelques minutes en fin de match. Tout le monde trouve ça complètement fou, mais à l’époque, je ne me suis pas posé de question.

Mon premier match professionnel

J’avais 18 ans, et c’était avec l’Etoile Rouge de Belgrade. Je n’avais jamais vraiment pensé devenir professionnel avant, surtout que la situation était un peu compliquée à l’époque en Serbie. On sortait de la guerre civile, on connaissait un peu les grands joueurs, mais on les voyait pas à la télévision. Le sport, ce n’était pas quelque chose d’important. Mais vers 15 ans, les choses sont devenues beaucoup plus claires pour moi, je voulais tout faire pour vivre du handball. Alors signer pour un club aussi mythique que l’Etoile Rouge, ce n’était pas rien.

Le coach qui m’a le plus marqué

Je ne vais pas en donner qu’un. Mais Veselin Vujovic était vraiment quelqu’un. Je l’ai connu en sélection et beaucoup de joueurs de ma génération lui doivent énormément. Quand tu le vois à la télé, à être à fond tout le temps, ce n’est pas une image qu’il se donne, il est tout le temps comme ça. Mais, à côté, il connait le handball sur le bout des doigts et il veut toujours plus, il n’est jamais satisfait. Quand tu es un jeune joueur de 18 ans, ça te pousse à être meilleur à chaque entrainement. Je retiendrai aussi Dragan Mihailovic, qui m’a fait venir à Gonfreville et avec qui j’ai passé trois saisons, et Benjamin Braux. Les deux étaient plus que des coachs, humainement, ils m’ont également permis de grandir.

L’adversaire qui m’a le moins réussi

En Proligue, je dirais Nice. Je ne sais pas pourquoi mais, en particulier sur ces deux dernières saisons avec Sélestat, je n’ai jamais bien réussi contre eux, et on n’a pas dû perdre des masses. En sélection, pareil mais contre les sélections scandinaves. Mais après, j’en étais pas à ne pas dormir avant de jouer contre eux non plus !

L’adversaire qui m’a le mieux réussi

Elle est dure celle-là ! Il n’y a pas une équipe ou un joueur qui me revient à l’esprit. Que ce soit à Gonfreville, Massy ou Sélestat, il y a toujours des moments où j’ai bien joué, mais pas forcément contre le même adversaire.

Ton coéquipier le plus talentueux

Là aussi, il n’y en a pas eu qu’un. En Espagne, j’ai joué avec Seufyann Sayad, Alexander Tioumentsev et Adrian Figueras, et c’était quand même pas mal. Mais bon, en sélection, il y avait un sacré beau monde. Arpad Sterbik, Momir Ilic, Danijel Saric, les frères Nenadic, Daniel Andjelkovic…J’avais beaucoup de respect pour Zarko Sesum, qui était capitaine de la sélection et qui a eu un superbe parcours en club. Petar Nenadic, lui, il était tout seul dans son monde, un joueur absolument unique.

Ton meilleur souvenir

Il y a sans doute le championnat du monde que j’ai disputé avec la Serbie, mais c’était il y a 15 ans. La montée en Lidl Starligue avec Massy est aussi un grand moment, personne ne nous attendait là mais on avait bougé les montagnes pour y arriver.

Mon pire souvenir

Quand je jouais en Bosnie, à Sarajevo, je me suis blessé à l’entrainement au genou. Et le club a tout fait pour ne pas avoir à prendre en charge l’opération et tous les frais pendant que j’étais blessé. Ils ont menti sur le fait que j’avais passé un bilan médical avant de signer le contrat, tout un tas de trucs qui fait que j’ai du payer. Ca reste vraiment un mauvais souvenir, sportivement mais aussi humainement. Une vraie catastrophe, mais j’ai réussi à revenir à un bon niveau, ce qui m’a aidé à passer à autre chose.

Mon plus gros regret

Je ne sais pas si c’est vraiment un regret, mais deux fois, le Vardar Skopje m’a contacté, mais je n’ai jamais accepté. La première fois, j’avais déjà signé en Espagne, et je ne sais pas si j’aurais du aller au Vardar mais cette première expérience à l’étranger n’a pas été sensationnelle. Il y avait plein de joueurs yougo avec moi, mais j’étais le petit jeune et eux avaient déjà leur famille. En plus il fallait un visa pour venir, ce qui fait qu’à part ma mère qui est venue, sinon je suis resté seul un bon bout de la saison.

Ma plus grande fierté

Je ne sais pas si c’est une fierté, mais je dois en tout cas beaucoup à la France. Quand je suis arrivé, il y a neuf ans, je pensais que la langue était trop dure et il avait fallu me convaincre pour venir. Quand je suis arrivé, j’étais un gamin et ce pays a fait de moi un homme. Je me suis marié ici, mon fils est né ici. On est vraiment très bien ici.

Pourquoi arrêter maintenant ?

Ce n’était pas forcément prévu. J’étais en fin de contrat avec Sélestat, et j’ai eu des contacts. Mais je suis à un point dans ma carrière où j’espère un peu de respect pour ce que j’ai fait, je cherchais des conditions correctes pour un contrat. Mais on ne m’a proposé que des plans où j’étais payé avec le chomage et je ne sais pas quoi. Désolé, mais si tu veux mon expérience, il faut montrer un peu de respect, sinon, autant pour toi que tu prennes un gamin de 21 ans. J’avais quand même un peu anticipé mon arrêt…Est-ce que je suis triste ? Je ne sais pas encore ! Ce qui est sûr, c’est que ça va être un grand changement, mais je suis super excité de ce qui va arriver après.

La suite ?

Je vais travailler dans la logistique, avec un contrat en alternance pour me former. Ca sera dans une entreprise pas loin d’ici, à 20 minutes, un partenaire de mon futur club, Molsheim. Je tenais à rester en France, mon fils est né ici, ma femme travaille ici aussi et vient de déposer son dossier de naturalisation. On est bien intégré, on aime beaucoup l’Alsace donc je voulais vraiment rester dans le coin.Mais je voulais m’investir, travailler, ça me paraissait très important. 

 

Propos recueillis par Kevin Domas