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Sébastien Le Goff: "Etre en bleu avec Barachet et Accambray, une vraie fierté"

LNH - Publié le 13 juillet 2020 à 11h44
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Que ce soit avec Aix, Nanterre, Cherbourg ou Strasbourg, le portier breton aura marqué l'histoire de la Proligue et de son ancêtre, la Pro D2. Il revient pour nous sur les moments marquants de sa carrière.

Ton premier match professionnel

“Je m’en souviens très bien, c’était lors d’un déplacement à Paris, qui évoluait à l’époque en D2, avec Aix. Je faisais la paire avec Stéphane Clémençon, et Cédric Sorhaindo jouait encore pour Paris. J’en ai un souvenir mitigé car on avait perdu, même si j’avais fait une bonne entrée en seconde période. J’avais arrêté quelques tirs à Sorhaindo, d’ailleurs. Ensuite, on est sorti dans Paris pour mon bizutage. On avait été dans un endroit trouvé par Arnaud Leforestier, un bar à rhums qui était ouvert toute la nuit. J’ai du boire toutes les sortes de rhum arrangé possibles ! Il y avait un groupe de rock dans un coin, j’ai fini presque nu et ils sont venus signer des autographes sur mon torse. Ca avait fini un peu en n’importe quoi ! (rires)”

Ton dernier match professionnel

“C’était avec l’ESSAHB, avec Villeurbanne, un match pour fêter la montée en Proligue. Mais ce n’est pas un super souvenir, j’avais appris peu de temps avant que je n’étais pas conservé, et je n’avais pas trop eu le temps de me retourner. J’avais subi la décision et je ne l’ai pas très bien vécu.”

Le meilleur joueur avec lequel tu as joué

“Il y en a eu pas mal. Si je dois prendre la partie club, je dirais Iker Serrano, un pivot espagnol que j’ai cotoyé à Mulhouse. On ne parlait pas trop de lui, mais il était vraiment, vraiment fort. Je retiendrai aussi Mehdi Ighirri ou Boris Becirovic, mais Iker est au-dessus, d’autant plus que j’ai lié des liens d’amitié avec lui. En équipe de France, je faisais partie de la génération avec William Accambray, Xavier Barachet ou Luka Karabatic…Ca fait quelques beaux morceaux !”

Ta première Marseillaise avec les Bleus

“J’avais 16 ans et c’était en Grèce, pour les Jeux Méditerranéens de la jeunesse, ou un truc comme ça. Toute la compétition reste un super souvenir, d’autant qu’on avait gagné en roulant sur tout le monde. On avait vraiment une super génération. Me retrouver là, alors que je jouais encore au fin fond de ma campagne bretonne, c’était un super moment, une vraie fierté. Bon, par contre, je n’ai pas gardé le maillot. A l’époque, l’équipe de France n’était pas aussi bien dotée que maintenant, dans les buts on avait des vieux pulls pourris, y’avait aucun intérêt à l’encadrer ! (rires)”

Ta première médaille avec l’équipe de France

“Ca reste un de mes meilleurs souvenirs. Je crois qu’avant nous, seule la génération de Bertrand Gille avait ramené quelque chose, c’était la première médaille pour les jeunes depuis un bout de temps. Bon après, les plus jeunes ont fait une moisson. On était peut-être des précurseurs en fait, ou on a réveillé la filière jeune à la fédé (rires) ! En tout cas, quand tu regardes les noms qu’on avait, y’avait un sacré niveau !”

Le match où tu n’as pas touché un ballon

“On avait joué le PSG avec Mulhouse en coupe de France, et quand tu passes de la Proligue au PSG, il y a un peu d’écart. Je me souviens que Mikkel Hansen avait avoiné de loin et que pas une fois j’ai au moins été du bon côté. J’ai été à l’opposé à chaque fois. Le mec ne nous connaissait pas et il s’est appliqué à jouer nickel, on avait pris une raclée mais au moins, on n’avait pas été pris à la légère.”

Un entraineur qui t’a marqué

“Boro Golic, que j’ai eu pendant six mois à Nanterre. Il était petit, il ne payait pas de mine, mais il avait une science du handball gigantesque et en plus, humainement, c’était quelqu’un de bien. Quand il rentrait dans le vestiaire, tu sentais qu’il avait une aura, qu’il impressionnait. Forcément, quand tu es entrainé par une telle légende, tu t’en souviens.”

Ton coéquipier le plus fou

“Quand j’étais au centre de formation de Chambéry, j’étais en colocation avec un Croate qui s’appelait Goran Bogunovic. Il était complètement taré, dans le style Yougo archi nationaliste. On s’est embrouillé un paquet de fois en parlant de politique, je crois on n’était pas trop du même bord (rires). Il arrivait dans le vestiaire en hurlant des chansons en croate, il était fou. Il a joué dans je ne sais pas combien de clubs après, il est même passé par Flensburg, il s’est mis dans un mode un peu mercenaire. J’espère pour lui qu’il s’est un peu posé (rires) !”

L’adversaire que tu as le plus mis en difficulté

“Yann Ducreux. On se connait depuis le centre de formation de Chambéry, et on s’entend bien en dehors. Au centre, on se faisait des séries à n’en plus finir, et on se connait par coeur. Mais à chaque fois qu’on a joué l’un contre l’autre, j’ai pris l’ascendant psychologique. Il faisait des bons matchs hein, mais dès qu’il fallait mettre le tir décisif, je lui sortais. Quand je le vois maintenant, il fait toujours ses tirs fétiches, mais les gardiens en face ne le connaissent pas trop, donc ça rentre. Mais avec moi c’était mort !”

Un regret dans ta carrière

“Sans doute de n’avoir jamais joué en D1, mais je n’ai pas eu trop d’opportunités. Je crois que je n’ai jamais été assez truqueur non plus, j’ai parfois été entourloupé par d’autres gardiens. Je me souviens, sur une fin de saison à Mulhouse, Ionut Ciobanu était blessé, revient juste avant les play-offs et dit, grosse modo, qu’il reprenait sa place de numéro un, alors que j’avais assuré l’intérim avec succès quand il n’était pas là. J’aurais pu râler, tenter de jouer ma carte, mais je ne l’ai pas fait. J’ai sans doute manqué un peu de vice.”

Et maintenant ?

“J’exerce plusieurs métiers en même temps. Je suis travailleur indépendant dans le milieu de la communication, je travaille pour l’ESSAHB, mais aussi pour des agences immobilières de la région, par exemple. Dans le même temps, j’ai un petit contrat chez Décathlon. Et j’aime beaucoup, car cela me permet de voir plein de choses différentes. Je joue toujours en nationale 2, à Molsheim et je fais pas mal de crossfit. Je suis parti de zéro, mais grâce à une super coach, j’ai pas mal progressé. Je ne connaissais pas du tout avant de m’y mettre, mais je prends désormais un réel plaisir à faire partie de cette communauté.”

 

Kevin Domas, crédit photos : Pillaud / Devoitine