« Je m'étais toujours dit que le jour où je n'aurais plus cette flamme... »

LNH - Publié le 05 juin 2019 à 14h00
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A bientôt 27 ans, Théo Derot jouera le dernier match de sa carrière, ce jeudi, face à Ivry. Avant de tirer sa révérence, l'arrière gauche revient sur les grands moments de sa carrière.

Ma première licence

« C’est au début des années 2000, vers 2001 ou 2002, à Istres. J’avais commencé le sport à 6 ans, et j’ai fait un peu de tout, de l’athlétisme, de la natation, du judo. Et puis je suis passé au hand. Mon oncle encadrait les jeunes, mon meilleur pote s’est également mis au hand ce moment, donc j’ai accroché. Avant cela, je n’avais jamais senti d’obligation de faire du handball (son père, Gilles, a été international tricolore entre 1984 et 1992, ndlr). Maintenant, je baignais dedans aussi, et la pomme ne tombe jamais bien loin du pommier. (rires) » 

Théo porte le numéro 73.

Ma première loin du Sud

« C’était à Nantes, en 2015. Les premiers jours ça va, mais est arrivé le mois d’octobre... Avec David Balaguer, on a subi 19 jours de pluie d’affilée ! On n’a pas vraiment compris ce qui nous ait arrivé, mais on s’est habitués. (rires) Au final, ces deux années resteront comme mes meilleures au niveau handballistique. C'était le très haut niveau, l’exigence, avec des joueurs emblématiques de la Lidl Starligue. C’était vraiment top. »

Ma première sélection

« C’était en 2016, lors de la Golden League à Bercy. Ce sont des moments forts dans une carrière. J’avais 23 ans, ça faisait six mois que j’étais parti d'Istres. C’était un vrai grand moment. J’ai gardé mes deux maillots, ils sont bien au chaud. » 

Mon entraîneur le plus marquant

« Mon père. (sourire) Je l’ai eu au centre de formation, puis en pro. C’est lui qui m’a fait éclore, qui m’a conseillé et suivi toute ma vie. Et puis je vais terminer avec lui. Le fait de l’avoir eu très tôt, on a rapidement trouvé notre mode de fonctionnement. Quand il est arrivé sur l’équipe pro, ça s’est fait naturellement. Il y a bien eu quelques engueulades, quand même. (sourire) J’ai pu lui reprocher d’être trop sur moi, d’être plus exigeant avec moi qu'avec les autres. Et il savait comment me titiller, m’énerver. Mais bon, c’est naturel aussi, rien de bien grave. »

Le meilleur joueur avec lequel j'ai joué

« Daniel Narcisse. Je l’ai croisé lors de l’Euro en 2016, en Pologne. J’ai beaucoup de respect pour les autres joueurs, mais lui, c’est mon idole. Tant en tant que joueur qu’en tant qu’homme. Lorsque j’étais malade, il a pris beaucoup de mes nouvelles. Pour moi, c’est le King. Et puis j’ai eu de la chance, je ne me suis pas souvent retrouvé face à lui, donc je n’ai pas pris son « un contre un ». Les deux-trois fois où j’ai été face à lui, il m’a épargné. (rires) »

Mon meilleur ami dans le hand

« C’est compliqué… Je pourrais en citer tellement. Quand on fait les équipes de France jeunes, quand on change de club, on en garde beaucoup. Je suis toujours très proche des Nantais puisque je pars dans 15 jours avec David (Balaguer) en vacances. Mais il y en a d’autres, de Jérémy Toto à Hugo Descat, j’en ai un peu partout en France en fait. Là je reviens à Istres et je retrouve mes amis du centre. Le handball m’aura permis de créer des liens avec des gens que je garderai après ma carrière. » 

Le gardien qui m'a posé le plus de problèmes

« Yann Genty. Pour les arrières, il est vraiment galère. Il anticipe trop, il anticipe bien, c’est pénible. (sourire) J’ai joué un peu avec lui en plus. Avec ses « spongers », son tee-shirt retroussé et ses chaussures de futsal, il arrive à être incroyable. Il m’a toujours régalé. »

Mon meilleur souvenir

« La victoire à Bercy contre Montpellier en finale de la Coupe de France (victoire 37-32, ndlr). C’est mon seul titre, déjà. Et puis il y a une grosse ambiance, avec énormément de supporters. On était comme des fous avec l’équipe. » 

Mon pire souvenir

« En 2015 lorsque je quitte Istres pour Nantes et le club descend en Proligue. C’est toujours compliqué les saisons lorsque tu descends. En plus, c’était mon club de coeur, j’y suis toujours très attaché. »

Mon premier match au retour de la maladie

« C’est un super souvenir, c’était face à Ivry, avec Aix, le 25 avril 2018. On gagne (30-25, ndlr) et je mets 3 buts, il y a beaucoup de membres de ma famille, des mes amis dans les tribunes de l'Arena. C’était plus tôt que prévu, je n’aurais jamais espéré reprendre à ce moment après une telle maladie. Il faut dire que j’avais reçu énormément de soutien, c’était incroyable. Ca fait partie aussi de ma guérison car, avec ce genre de maladie, il n’y a pas que les traitements, il faut aussi en vouloir dans la tête. Toutes les marques de soutien que j’ai pu recevoir, de partout, à l’image de cette vidéo de Gurbi qui m’avait beaucoup touchée, ça avait été très important. »

* Théo Derot a souffert à partir de l'été 2017 d'un lymphome de Hodgkin, un cancer du système lymphatique. 

Ma décision d'arrêter

« Déjà, à la base, j’ai toujours dit que je ne jouerais jamais jusqu’à 37 ans, à passer par la D2, la N1, la N2. Ce genre de parcours ne m’a jamais branché. Je m’étais toujours dit que le jour où je n’aurais plus cette flamme en me réveillant le matin, j’arrêterai. Toute la période durant laquelle j’ai été malade m’a fait réfléchir à d’autres projets. Et puis quand je suis revenu, même si ça s’est bien passé, psychologiquement et physiologiquement, on n’est plus la même personne. Je suis toujours Théo, mais j’ai d’autres envies. (sourire) Physiquement, c’était aussi plus dur. Pour moi c’était le moment de passer à autre chose. Cet hiver, je suis passé à Istres car sportivement c’était compliqué à Aix. Je me suis dit que je voulais arrêter, et qu’il était temps de rentrer à la maison avec un challenge de maintenir l’équipe, avec des copains que je retrouvais. »

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Crédit: Théo Derot

« Ca fait 10-12 ans que je n’ai plus de mois d’août donc je vais déjà essayer d’en profiter. (rires) Je vais préférer être au bord d’une piscine ou de la mer plutôt que sur une piste ou au coeur d'un stage de préparation à la montagne. Et puis en septembre, je vais commencer une prépa pour préparer les concours des écoles que je vise. Je m'oriente vers le secteur de l’aviation. C’est ma deuxième passion depuis tout petit. Il y a le petit ballon et les grands avions. (sourire) J’ai décidé de m’y consacrer à plein temps. Je n’ai pas encore eu le temps d’y penser parce qu’il y avait un maintien à aller chercher, mais je vais commencer à un peu stresser quand je vais recevoir les bouquins, et commencer à réfléchir au nombre d’heures de travail qui m’attendent. En tout cas, j’ai déjà la trousse et mon petit rapporteur. (rires) » 

Benoît Conta